Relations commerciales: l’Ania hausse le ton
«Certains distributeurs contournent ou ignorent délibérément la loi et trouvent de nouveaux biais pour maintenir une pression injustifiée sur leurs fournisseurs», déclare Jean-René Buisson, président de l’association nationale des industries alimentaires. Se basant sur un audit réalisé début 2007 auprès de ses adhérents, l’Ania dresse un bilan critique des effets de la loi Dutreil. Certes, les industriels ne contestent pas l’impact positif de la loi pour le consommateur, même si en 2006, les baisses de prix portaient essentiellement sur des produits promotionnés (mis en avant sur prospectus, tête de gondole…).
52% des industriels pensent que la baisse des produits s’étendra en 2007 aux autres produits. La majorité d’entre eux estiment également que la loi Dutreil a permis de relancer la concurrence entre distributeurs, chacun ayant choisi sa propre stratégie de développement (Carrefour et Leclerc sur les prix bas, Casino et Auchan sur le choix, Monoprix sur le haut de gamme). En revanche, la loi Dutreil n’a pas apaisé les relations entre fournisseurs et distributeurs, selon l’audit de l’Ania.
«Les PME toujours asphyxiées»
La grande majorité des entreprises ayant répondu à l’enquête pensent qu’elle n’a pas permis de supprimer la fausse coopération commerciale, consistant à facturer au fournisseur des services en réalité non rendus. Les industriels pointent également du doigt le maintien de conditions d’achat abusives (comme la facturation du coût de déchargement des camions) ou encore la demande de financement de fonctions normalement imputables au distributeur (les coûts de stockage en entrepôt d’une enseigne par exemple). Autres dérives avancées : déductions de la facture de pénalités non justifiées (pour livraison non conforme, sans possibilité pour le fournisseur de vérifier) ou baisse des engagements d’opérations promotionnelles des distributeurs au profit de leurs fournisseurs. « Les petites et moyennes entreprises sont aujourd’hui asphyxiées par les mauvaises pratiques de leurs clients ; leur intégrité commerciale et leur santé financière s’en trouvent désormais menacées », dénonce Jean-René Buisson.
79% des entreprises ayant répondu à l'audit de l'Ania déclarent que «2007 sera une année plus difficile sur le plan de leur exploitation économique et financière» et 78% pensent que ce sera une année «plus conflictuelle dans la relation commerciale». L'association compte se baser sur cette enquête pour peser dans les discussions avec les Pouvoirs publics à l'occasion du bilan de la loi Dutreil qui doit être remis fin 2007 au Parlement. L'Institut de liaisons et d'études des industries de consommation (Ilec), représentant 84 grand groupes, a récemment indiqué ses positions sur la question : simplifier, dépénaliser et abaisser le SRP (lire LM du 14/02). Jérôme Bédier, président de la fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), s'exprimant le 29 mars dans les colonnes des Échos a pour sa part affirmé son souhait de voir la réforme de la loi Galland aller jusqu'au bout.