Racailles
Il faut se méfier des mots. Surtout quand ils sont clairs, et encore plus quand ils s’appliquent exactement aux circonstances, aux objets, aux personnes. Prenez le mot « racaille». Pas besoin d’un dictionnaire : il s’agit d’un ou plusieurs individus agissant en marge des loi, avec brutalité, en niant les règles de la vie sociale. Voyez maintenant ces gens qui jettent des pavés sur la police, incendient des voitures et des écoles, violentent, se livrent à divers trafics, vols, escroqueries. Voici de fieffées racailles, pensez-vous. Mais nommez-les ainsi à la lueur des émeutes de quartiers, sur les décombres d’un dispensaire, ou dans la fumée d’un incendie d’immeuble et vous allez voir ! Milles doctes esprits se récrieront qu’employer le mot exact pour la chose, c’est manquer de respect à celle-ci ; que les racailles vivant au milieu des braves gens, en stigmatisant les premiers on atteint aussi les seconds, comme si le mot arrosait l’espace autour de la chose qu’il désigne. Encore un peu et ce sera vous la racaille, vous la cible de ces esprits faux, lâches, pervers que seule la trouille du combat de rue empêche de rejoindre la crapule. Ouf ! Ce n’est peut-être pas ici qu’il faut dire ça, mais tant pis : ça soulage.