Quels moyens pour lutter contre la grippe aviaire ?
Les Marchés : Où en est l’épidémie de grippe aviaire dans le monde et en Europe ?
Michel Bublot : Les derniers rapports de surveillance délivrés par la FAO (Food and Agriculture Organization) montrent que le virus se retrouve principalement en Asie du sud-est - principalement en Chine, au Vietnam et en Indonésie - en Afrique - en Égypte et au Nigeria - mais aussi autour de la Mer noire. Au total, en 2007, 29 pays ont signalé au moins un cas de grippe aviaire. Seuls les continents américain et australien ont pour l’instant été épargnés par le virus.
Les Marchés : Quelles sont les pistes de recherche pour endiguer la maladie chez les animaux ?
Michel Bublot : Il existe aujourd’hui des vaccins très efficaces et d’ailleurs certains pays comme Hong Kong ont décidé de l’utiliser. Reste que la seule voie d’administration utilisable à ce jour est l’injection. Nous recherchons donc aujourd’hui de nouveaux modes de traitement comme une solution buvable qui pourrait être ajoutée à l’eau des animaux ou encore les aérosols à pulvériser dans les élevages. Certains programmes de recherche se focalisent également plus particulièrement chez le canard et le porc qui peuvent être des porteurs sains du virus et contaminer à leur tour, d’autres animaux domestiques, sauvages ou d’élevage.
Mérial participe également, dans le cadre du pôle de compétitivité LyonBiopôle et avec d’autres industriels, au programme GAP (Grippe Aviaire Pandémique). Nous assurons toute la partie recherche sur la santé animale. Nous collaborons également à un programme européen baptisé Novaduck pour développer un vaccin de nouvelle génération pour le canard.
Les Marchés : Existe-t-il encore un risque de contamination en France ?
Michel Bublot : La France est prête à utiliser des vaccins en cas de pandémie mais pour l’instant, elle préfère jouer la carte de la politique de biosécurité. Le gouvernement français et les différentes organisations sanitaires ont ainsi mis en place un protocole de surveillance très efficace en maillant tout le territoire. Ainsi, si un cas se déclare, il sera facilement confiné et détruit.
Malheureusement, nous ne savons pas comment va évoluer le virus et surtout quel mode de contamination il va choisir. En effet, après le premier cas arrivé en France dans un élevage de l’Ain, l’an passé, les experts du secteur avaient dit que le virus reviendrait certainement via les vagues migratoires d’oiseaux d’Afrique. Or, le dernier cas révélé en Allemagne a montré que la contamination était arrivée de l’est de l’Europe, à cause d’une vague de froid importante dans cette région. Il est donc à prévoir que dans les années qui viennent nous aurons encore quelques cas.