Quels débouchés pour la collecte laitière ?
La semaine dernière, rien n’a été décidé sur les allocations provisoires lors du conseil extraordinaire de l’Onilait, pourtant réuni pour se prononcer rapidement sur la maîtrise de la production. Après une campagne laitière 2004/2005 en nette sous-réalisation, l’accélération de la collecte cet été (+3,6 %) a jeté un voile d’inquiétude sur le secteur, au moment où les débouchés connaissent des signes de faiblesse. Le léger ralentissement des dernières semaines relativise ce tableau, mais la France pourrait s’acheminer vers un remplissage de son quota. « L’avis est unanime sur la nécessité de limiter les volumes. Mais dans la réalité, c’est beaucoup mois clair » estimait le directeur de l’Onilait Yves Berger lors du dernier conseil de direction de l’office.
Les producteurs ont de leur côté fait une proposition (geler 1 % de la référence historique des entreprises) qui n’a pas été retenue par le conseil. Ce scénario a entraîné la politique de la chaise vide de la part de la FNPL. Produit en continu, le lait a du mal à être absorbé, et même le secteur de l’ultra-frais, en hausse depuis plusieurs années, marque un palier avec une stagnation des fabrications. Pour les PGC France, de nombreux indicateurs sont en retrait. La mise en place des allocations provisoires, qui n’a pas encore été décidée, ne poserait pas de problème aux transformateurs à court terme (coopératives et industriels). « Dans l’optique d’une réduction des volumes, l’effet serait de diminuer la fabrication de beurre et de poudres, une activité sur laquelle on perd de l’argent» juge Gérard Calbrix, responsable du service économique de l’Atla (association de la transformation laitière, qui regroupe FNCL et FNIL). L’impact sur les prix serait limité, le marché de l’approvisionnement étant européen.
Finalement, ce sont les producteurs qui verraient leur revenu diminuer en cas d’encadrement des volumes, mais cette menace est à mettre en perspective avec un effondrement dû à une surproduction et un manque de débouchés. Depuis le début de l’année, les prix moyens du lait ont baissé de 8 e pour 1 000 litres. Et le risque d’engorgement est toujours présent, avec les effets cumulés de la baisse des exportations et de la hausse des importations de PGC. Sans compter une perte de valeur globale sur les prix (-0,9 % sur un an). De quoi s’interroger sur l’orientation systématique des entreprises vers l’ultra-frais. La poule aux œufs d’or n’est peut-être plus celle que l’on croit.