Que faire avec les broutards bloqués vers l’Italie ?
Les stocks de bovins maigres commencent à peser, suite à la fermeture du marché italien. Hier, une réunion à Paris de la cellule de crise FCO a permis de se pencher sur leur sort. Différents plans sont maintenant sur la table du cabinet du ministre de l'Agriculture. La Fédération nationale bovine (FNB) demande une aide au maintien en ferme. Quelque 250 000 broutards, correspondant aux livraisons habituelles vers l'Italie de mars à juin, seraient concernés par ce plan de repousse. Coop de France Bétail et Viande avance quant à elle une proposition pour maintenir la production et les outils d'abattage. Son projet de filière, associant les collèges OP bovines et Entreprises, repose sur la mise en place de rotations plus courtes dans les ateliers d'engraissement, afin de développer leurs capacités. Il s'adresserait à environ 20 000 broutards sur les 150 000 en surplus pendant trois mois. Les coopératives avancent ce dernier chiffre à partir des 215 000 têtes exportées sur l'Italie de mars à avril 2007 et en tenant compte des ventes anticipées cette année.
Alléger les carcasses
« L'idée est d'orienter des broutards, devenus trop gros, vers nos ateliers d'engraissement, explique le directeur du pôle animal de Coop de France Jacques Poulet. Un abattage entre 380 et 420 kilos permettrait à la fois de libérer des places et de mieux répondre à la demande d'allègement des carcasses. » L'Institut de l'élevage a récemment mis en lumière une tendance à l'alourdissement des animaux (lire notre édition du 22 février). D'après son étude sur l'adéquation offre/demande en viande bovine, 37 % des charolais ont plus de 440 kilos. La demande à l'export va vers du moins lourd. « Les entreprises d'abattage sont très intéressées par ce projet de filière,poursuit Jacques Poulet. Elles sont en train de faire leurs calculs pour voir la faisabilité d'une meilleure rémunération des jeunes bovins entre 380 et 420 kilos. Si ce n'est pas aujourd'hui dans leurs pratiques, c'est à cause des difficultés d'approvisionnement. La concurrence fait que les abatteurs prennent toute la marchandise qu'ils trouvent. » Pour ne pas alourdir le marché national du jeunes bovins, Coop de France pense à l'export. La demande existe en Grèce, en Italie et en Allemagne.
Ce projet de filière des coopératives a été présenté, lundi rue de Varenne, au conseiller technique Productions animales Jérôme-André Gauthier. Une réponse est attendue d'ici à la fin du mois. Elle dépendra de l'attention portée au plan de repousse de la FNB. Par ailleurs, la fédération d'éleveurs n'écarte pas l'idée d'un programme de retrait, au cas où le marché se dégraderait fortement. Un scénario qui rappelle les pires heures de la crise de la vache folle.