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Quand Madrid lorgne le modèle de Rungis

Le marché madrilène, avec lequel la Semmaris a récemment signé une convention de partenariat, va prochainement s’étendre. Comme Rungis. Une zone de 45 hectares sera bientôt consacrée à la transformation agroalimentaire.

De notre envoyé spécial

Le marché de gros de Madrid est une synthèse de l’économie espagnole. Traditionnelles dans leurs pratiques, les entreprises y débordent d’un dynamisme à faire frémir leurs homologues françaises. « Mais MercaMadrid n’est pas un concurrent de Rungis à proprement parler », tempère David Bourganel, le directeur marketing de la Semmaris, la société d’exploitation de Rungis, qui a signé début juillet LM n°134 du 5 juillet 2007 avec le marché madrilène un accord de partenariat sur le marketing et la communication. « Les flux entre les deux marchés sont limités. Mercamadrid dessert essentiellement la capitale espagnole et dans un rayon de 300 kilomètres autour », confirme Rocio Lopez de Diego, sous-directrice adjointe chargée de la promotion du marché qui nous a reçus fin septembre. Les deux marchés prévoient notamment de conjuguer leur action sur les salons professionnels et d’améliorer la connaissance mutuelle des entreprises des deux marchés. « Nous avons des choses à apprendre l’un de l’autre, confirme David Bourganel, de la Semmaris. Par exemple sur la manière dont on commercialise les produits carnés sur leur pavillon des viandes ».

Côté espagnol, on s’est déjà inspiré de la communication proposée par Rungis à ses acheteurs -et à travers elle, à ses consommateurs- : « 'Je choisis la qualité et la sécurité, je me fournis à Rungis'». En castillan, cela donne : « compro en Mercamadrid »( « j’achète à MercaMadrid »). Le message est affiché chez plus d’un millier de détaillants de la capitale ibérique.

Mais les points communs entre les deux marchés dépassent les questions de communication et de marketing. Créé il y a 25 ans - « nous sommes plus jeunes que vous, c’est normal que nous ayons des choses à apprendre de Rungis », dit modestement Rocio Lopez de Diego-, le marché madrilène est actuellement en pleine réflexion sur son avenir. Alors que la Semmaris s’oriente vers un nouveau métier, celui « d’aménageur de marché de gros », MercaMadrid a engagé en avril dernier une vaste réflexion sur l’orientation industrielle et commerciale qu’il doit suivre. L’ensemble des partenaires y est associée : la ville de Madrid, majoritaire dans Mercamadrid, le gouvernement espagnol, la région, la chambre de commerce, mais aussi un « conseil consultatif » réunissant tous les opérateurs, des producteurs aux détaillants jusqu’aux associations de consommateurs. Les conclusions devraient en être connues dans les jours ou les semaines qui viennent.

MercaMadrid tecnológico, un complexe de 45 ha

« La réalité est complexe », reconnaît Rocio Lopez de Diego. Nous devons prendre en compte l’objectif de service public mais aussi la nécessaire modernisation des infrastructures et des entreprises ». Car si le marché fait preuve d’un dynamisme commercial remarquable, certains outils sont obsolètes, loin en tous cas de la modernité de Rungis ; et quelques secteurs mériteraient d’être plus concentrés pour répondre aux exigences du marché en termes de volumes et de capacités. Ainsi, le carreau de la marée compte-t-il près de 200 entreprises, là où Rungis compte une douzaine d’opérateurs de poids (lire encadré).

Cependant, si l’on admet ici la nécessité du regroupement, on craint les conséquences d’une trop grande concentration sur l’exercice de la libre concurrence. « En Espagne, rappelle la direction du marché, 45 % de la vente de produits frais se fait encore chez les détaillants ».

Le grand chantier d’avenir, « c’est de valoriser le marché par les investissements », reconnaît en revanche Rocio Lopez de Diego. Cela passe par les investissements réguliers consentis par les entreprises et Mercamadrid (respectivement 30 millions d’euros et 7 millions d’euros par an), mais surtout actuellement par l’extension du marché. L’actualité de Mercamadrid, c’est en effet la création de « MercaMadrid tecnológico », un complexe de 45 hectares jouxtant le périmètre actuel du marché, dédié à la transformation agroalimentaire. Il permettra notamment aux entreprises de s’étendre, le marché de gré à gré lui-même étant aujourd’hui pratiquement saturé.

La première pierre a été posée en février dernier. L’extension devrait notamment permettre d’intensifier les relations du marché avec l’industrie alimentaire et la restauration. « Les ventes à la restauration représentent aujourd’hui 27 % de celles du marché,explique notre interlocutrice. Il y a 5 ans, c’était 12 %. C’est la raison pour laquelle nous regardons avec intérêt le travail que mène un Le Delas à Rungis (un grossiste spécialisé dans la vente aux chefs, Ndlr). » Les relations avec Rungis ne s’arrêteront de toute façon pas là. Les Espagnols de MercaMadrid prévoient prochainement un déplacement sur le marché francilien. En attendant une visite de groupe des grossistes français en viande dans la capitale espagnole en 2008.

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