Quand Glon investit massivement dans la volaille
Le groupe Glon fait l’actualité. Il a rendu public, vendredi, son projet de construction d’un abattoir-découpe neuf de poulets vendus pour l’essentiel désossés aux IAA européennes et qui remplacera, d’ici au premier semestre 2008, l’usine de sa filiale Boscher Volailles (Mûr-de-Bretagne, Côtes d’Armor), totalement saturée. Montant de l’investissement : 27 millions d’euros. L’usine s’étendra sur 13 000 mètres carrés contre 9500 actuellement. Elle permettra de résorber tous les goulots d’étranglement d’une usine refaite plusieurs fois depuis son ouverture en 1991 (7500 tonnes à l’époque) et dont la production actuelle atteint 38 000 tonnes par an pour un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros.
Pour autant, l’usine ne traitera pas plus de poulets (400 000 par semaine actuellement), ni n’embauchera plus que ses 197 salariés permanents. Du moins dans un premier temps. Avec de menus investissements, en particulier des rallongements de lignes et l’agrandissement de la zone de ressuyage, la marche en avant pourra reprendre. Mais pas avant 2010, a indiqué en conférence de presse le directeur, Paul Lopez.
L’objectif de cet investissement lourd, rarissime dans un secteur en difficultés structurelles depuis plusieurs années, c’est « de faire un outil plus compétitif», a précisé M. Lopez. Sur son segment de marché qui progresse doucement en Europe, l’entreprise a des atouts à faire valoir auprès de clients pas systématiquement intéressés par le prix des viandes d’importation, souvent congelées. L’entreprise bretonne travaille à 95 % en frais.
Un tonnage de 38000 t
Dans sa nouvelle usine, Boscher Volailles mettra tout en œuvre pour renforcer sa compétitivité et ainsi demeurer sur le marché. Par souci de rentabilité, l’opérateur costarmoricain va travailler des poulets plus lourds. Déjà spécialiste de poulets de « Princior » (souche Glon) qui pèse entre 2,2 et 3,1 kg vifs, Boscher Volailles va organiser l’ensemble de son process pour abattre et découper des poulets 20 % plus lourds.
Le tonnage de viandes désossées devant rester autour de 38 000 tonnes, c’est le niveau d’abattage qui diminuera. Logique : en élevant plus longtemps les poulets, les 150 producteurs de « Princior », fournisseurs de Boscher Volailles (via le groupement Gaévol) en livreront forcément moins.
Seconde piste de Boscher Volailles pour augmenter sa rentabilité, l’automatisation. Un dispositif de visualisation par rayons X des os résiduels dans les lots de viande va réduire le temps passé par les personnels à palper à la main chaque muscle de viande. Depuis dix ans, Boscher Volailles s’engage à ce qu’il n’y ait pas plus de 10 bouts d’os de 5 millimètres maximum par tonne de viande. Le système se substituera au second contrôle manuel réalisé avant le départ de l’usine.
Sur le plan commercial, Boscher Volailles ne changera en rien sa stratégie. Elle réalise 71 % de ses volumes en viandes désossées pour les IAA, fournit aussi des découpes avec os pour les IAA, les grossistes, le négoce et un peu la RHD. Son marché est « et restera européen », a précisé Paul Lopez. Bosher Volailles réalise le quart de son CA à l’exportation et a l’ambition de rester « dans le peloton de tête sur ce segment en Europe».