Qualité : doutes sur un nouveau label européen
Le débat du « livre vert » lancé par la Commission européenne (LM du 21/1 et du 5/2) suscite déjà la controverse de l’autre côte des Alpes. Alors que l’ensemble des AOP et IGP attend des modifications importantes du règlement 510, les opérateurs tant français qu’italiens s’interrogent sur la notion de qualité que souhaite faire passer la Commission Européenne. « Le livre vert », à ce que nous en savons est basé sur les réflexions de la conférence « Food Quality Certification » qui a eu lieu le 6 février 2007, à laquelle je participais, précise Léo Bertozzi, directeur général du Consortium Parmigiano Reggiano. J’ai eu l’occasion d’exprimer mes réserves vis-à-vis d’un « label » de qualité supérieure que souhaiterait créer la Commission. Nous avons un système en place, celui des AOP et IGP et celui-ci fonctionne. C’est un système public qui demande à être amélioré certes, mais qui n’a rien à voir avec un système de « qualité supérieure » dont parle la Commission européenne. »
Compatible avec l’OMC ?
Un tel nouveau label ne pourrait être que de nature privée. « J’attire l’attention sur le fait que l’Europe a déjà été sujette à un panel des Américains et des Australiens pour mettre son système des AOP et IGP en adéquation avec les règles de l’OMC, rappelle Léo Bertozzi. Nous avons dû procéder à des modifications. Qu’en sera-t-il d’un autre système qui pourrait bien prendre des allures de protectionnisme ? ».
Giuseppe Liberatore, président de l’association des consortii italiens d’indications géographiques (AICIG) est tout aussi sceptique. « Je pense que le nouveau concept présenté par la Commission peut induire des effets négatifs sur les productions sous Indications géographiques en termes de confusion pour les consommateurs. En outre, l’introduction d’un nouveau standard de qualité peut être incompatible avec les règles du commerce existantes. J’ai une approche négative de la nouvelle proposition faite par la Commission. Tout d’abord, que veut dire « supérieure » ? De plus, une nouvelle certification apportera seulement des coûts additionnels pour les agriculteurs et, à mon point de vue personnel, ne générera pas de valeur ajoutée. »
Luiggi Polizzi est l'attaché agricole de la représentation de l'Italie à Bruxelles. Il « estime que le « livre vert » doit faire une place importante aux AOP et IGP et qu'il y a, déjà là, matière importante à réfléchir à l'avenir du système AOP et IGP car vraiment beaucoup de produits arrivent non seulement des Pays membres mais aussi des pays tiers pour être homologués ». Il faut aussi savoir quelle est la demande consommateur vers ce type de produits dont peu sont exportés. Mais pour l'instant, le « livre vert » est vide et il faut le remplir pour qu'il soit prêt en Novembre. David Thual est le porte-parole du consortium du jambon de Parme. Il reste très interrogatif sur le contenu de ce « livre vert » : « Le consortium estime que les questions sont très vagues. Les vraies questions ne sont pas traitées. La Commission avait dit qu'elle ferait des changements dans le 510 et l'on ne voit rien venir. Le consortium demande de ne pas attendre en matière de logos qui deviendront obligatoires en 2009. Espérons que le livre vert sera orienté vers les AOP et IGP plutôt que vers quelque chose de vague comme la qualité supérieure. Maintenant qu'un premier pas a été fait avec les vins et spiritueux, il y a plus de cohérence entre les IG. Il faut à aller vers le registre unique des IG qu'elles émanent des pays membres ou des pays tiers. »