Qualista : un process révolutionnaire pour la minoterie ?
La gamme « Qualista » va-t-elle entrer dans l’histoire de la meunerie comme une grande avancée technologique ? Le traitement du blé par ozonation réalisé par la société Goëmar chez le minotier breton Paulic (Saint-Gérand, Morbihan) a été présenté de la sorte, la semaine dernière à Plounévez-Quintin (Côtes d’Armor), dans le moulin dédié à cette production. « Dans une vingtaine d’années, le système Oxygreen sera généralisé, espère Simon Berteaud, président du laboratoire Goëmar (Saint-Malo, Ille-et-Vilaine) qui a mis au point le process avant de l’installer chez son partenaire Paulic. La sécurité alimentaire, ce n’est pas une obligation de moyens, mais de résultats. »
Le traitement par ozone de la bâchée intervient après nettoyage des céréales, par imprégnation durant un laps de temps de 15 à 30 minutes. La mouture s’effectue juste après. Selon Jean Paulic, président du conseil de surveillance de Paulic Minotiers, le process réduit les taux de résidus des pesticides, les contaminations microbiologique et les taux de mycotoxines bien en dessous des normes en vigueur.
Mieux, selon ses inventeurs et utilisateurs, Oxygreen permet de valoriser 100 % du blé. Les grains sont « très riches en fibre de qualité » et permettent de réduire, voire de supprimer l’usage d’additifs dans les farines. « Qualista, c’est la première marque de farine qui présente un pareil niveau d’exigence », s’enthousiasme Jean Paulic. Le son par exemple : de sous-produit du blé devient un coproduit.
Une production de 4 000 tonnes de farine
Le laboratoire Goëmar, spécialiste des biotechnologies marines pour l’industrie pharmaceutique et l’agriculture (250 salariés, 35 millions d’euros de CA) a développé ce process à partir de 1993. Investissement : 10 millions d’euros. Depuis 2004, ce process est validé par l’AFSSA comme auxiliaire technologique. A la recherche d’un partenaire industriel à partir de 2002, le laboratoire prospecte dans le monde de la minoterie et rencontre Paulic qui possède un laboratoire intégré.
Leur projet prend corps à partir de 2006 dans le cadre de Valorial, pôle de compétitivité sur l’aliment de demain. La mise au point industrielle du process chez Paulic Minotiers (2,460 millions d’euros investis) a été couverte par une avance remboursable d’OSEO-ANVAR (1,225 million) et 300 000 euros de subventions.
L’unité d’ozonation de Paulic a été surdimensionnée pour poursuivre le développement du prototype, parallèlement à la production de 4 000 tonnes de farine « Qualista » par an. Paulic et Goëmar restent discrets sur la nature de leurs relations commerciales. Simon Berteaud évoque une exclusivité territoriale et de temps, sans plus de précisions. Cependant ce dernier prévoit de céder des licences industrielles sur différentes zones.
Paulic Minotiers a d’ores et déjà démarré la commercialisation de ses farines « Qualista ». D’abord en direction de grands industriels, dans un an vers le grand public puis dans l’univers de la boulangerie. Lorsque l’unité de Plounévez-Quintin sera à saturation, le moulin le plus important de la société Paulic (quatre moulins), celui de Saint-Gérand (15 000 tonnes) sera équipé du même process. Parmi les 480 minotiers de France, Paulic se situe au 75 e rang avec une production de 20 000 tonnes par an. (5 millions d’euros de chiffre d’affaires).