Produits laitiers : lait en panne, yaourt au zénith
L’étude INCA2 avait donné la tendance il y a quelques semaines. Elle vient d’être confirmée par Agreste, la revue du service économie du ministère de l’Agriculture : la consommation de produits laitiers a chuté de 7 % en 10 ans, malgré un redécollage en 2006. Dans le détail, la situation est cependant très contrastée entre les différentes catégories de produits, puisque le lait liquide (-20 % en équivalent lait entier), le beurre (-12 %) et les produits industriels représentent la quasi totalité de la baisse. Dans le même laps de temps, les yaourts n’ont cessé de trouver leur public (+50% entre 1997 et 2006), avec cependant un plateau depuis 2004.
La consommation de fromages n’a que modérément augmenté, mais les Français figurent déjà parmi les plus gros consommateurs au monde, avec 23 kg par an et par habitant. La dernière étude Agreste en date, publiée aujourd’hui, indique que les Français se tournent davantage vers les produits élaborés aux dépens des produits bruts, un choix en partie orchestré par les industriels « qui mettent en avant les fabrications à forte valeur ajoutée, à vocation diététique voire médicale comme les alicaments ». L’industrie laitière qui est en pointe dans ce domaine, avec 12 % de son budget consacré à la publicité contre 8 % pour l’ensemble des IAA. Les relais de croissance ne sont pas prêts de changer, puisque les indices tarifaires observés sur les 10 dernières années indiquent que « les produits laitiers dont les prix augmentent le plus sont aussi ceux qui sont délaissés ».
Du côté des industriels, cette modification des achats a quelque peu réorienté les stratégies, de plus en plus tournées vers un export très dynamique.
En matière de fromages, près de 30 % des fabrications sont vendues hors des frontières. Cette proportion est de plus en plus importante (dans un marché en croissance qui plus est) avec les pâtes pressées non cuites et les fromages frais comme principaux contributeurs. Les yaourts et desserts lactés font encore mieux, avec une progression des volumes de 174 et 130 % en 10 ans, à respectivement 256 000 et 84 000 t.
Les produits bruts ou peu transformés, qui rencontrent des difficultés en France, connaissent également des difficultés à l’export. Beurres et poudres de lait chutent lourdement, à cause « de la forte concurrence des autres producteurs sur le marché mondial »note Agreste, qui observe en parallèle la volonté des industriels « de privilégier les produits mieux valorisés dans un contexte de disponibilités laitières réduites ».