Aller au contenu principal

Prodia investit pour répondre au marché du petfood

La plus grosse unité française de traitement des déchets d'origine animale, installée à Saint-Amour, va investir 10 millions d'euros dans l'amélioration de son outil de production.

Pas facile d'afficher l'image d'une industrie propre et responsable quand l'activité de son entreprise consiste à traiter les coproduits d'origine animale. Prodia, implanté dans le Jura, y arrive sans encombre. Son secret : des investissements réguliers dans son process de fabrication ; une recherche perpétuelle d'amélioration de critères de qualité ; et une politique RSE très engagée qui commence aux portes du village où elle est implantée.

Né en 1998 de la fusion de plusieurs entreprises spécialisées dans le traitement des déchets animaux (Cavda, Avpa, Proco, Martinet, MBSA), Prodia est aujourd'hui l'un des leaders de son marché en France. Le groupe qui compte plusieurs filiales et implantations en France assure la collecte, le stockage et la transformation des déchets de catégories 1, 2 et 3.

Petit rappel : les déchets de catégorie 1 sont destinés à la destruction. Il s'agit de produits d'origine animale suspectés d'infection de type ESB, de matériels à risques spécifiques ruminants (MRS), des animaux contaminés par des substances illégales ou des contaminants dangereux (animaux de laboratoires) et des cadavres d'animaux de compagnie, sauvages ou encore de zoo. Les déchets de catégorie 2 sont tous les déchets animaux interdits en alimentation animale. Il peut s'agir de produits ou sous-produits ayant subi une décontamination microbienne ou encore des produits dont la DLC est dépassée. Les déchets de catégorie 3 sont les déchets d'animaux issus de l'abattage et déclarés propres à la consommation humaine et animale. Il peut s'agir, du foie, des poumons, du sang, des mamelles, de la rate, des déchets de filetage du poisson, des carcasses de volaille… Dans les faits, ces produits ne sont pas consommés en alimentation humaine en France, essentiellement en raison des habitudes alimentaires. « En France, nous ne consommons qu'environ 60 % du poids total d'une carcasse, alors que dans certains pays, notamment en Asie, ce taux atteint pratiquement 100 %. Nous récupérons donc les 40 % restants que nous valorisons », explique Jean-Marc Monnard, directeur du site.

Dix-huit mois de travaux

Au sein du groupe Prodia, cette valorisation s'effectue sous plu-sieurs formes : broyée, surgelée ou fraîche, ou cuite, sous forme de graisses et de farines, aussi appelée protéines animales transformées. L'usine de production, implantée à Saint-Amour, est la plus grosse unité de traitement de déchets animaux. Elle valorise ses déchets sous forme cuite (farine et graisse animales) avec une capacité de 320 000 t par an.

Le site possède 2 unités de transformation. Une unité spécialisée dans les produits hors ruminants (porc et volaille) et une unité multiespèce. L'année prochaine, Prodia va investir 10 millions d'euros sur la ligne de valorisation de produits multiespèces. Outre l'amélioration de la ligne par l'achat d'un nouveau parc de machine, la capacité de production va également être développée de 20 %. « Les exigences du marché du petfood sont très importantes et ne cessent de s'accroître, nous voulons donc anticiper les prochaines évolutions du marché », explique Jean-Marc Monnard, directeur du site. L'investissement qui va nécessiter 18 mois de travaux et générera la création de quinze emplois supplémentaires.

Station d'épuration et décontamination odorante

Du côté de l'impact environnemental, Prodia met un point d'honneur à se montrer exemplaire. Ainsi, le site de Saint-Amour qui consomme 85 000 m3 d'eau par an dispose de sa propre

station d'épuration. Celle-ci rejette 134 900 m3 d'eau par an. La différence est essentiellement due à la récupération et à la décontamination des eaux de pluie. La station d'épuration est équivalente à celle d'un village de 90 000 âmes. L'entreprise a également investi, il y a quelques années, dans un système de décontamination odorante de l'air. Ainsi, tout l'air malodorant créé lors de la cuisson des déchets animaux est aspiré et traité. L'air vicié est traité une première fois chimiquement via une pulvérisation de produits, neutralisant les odeurs, puis une seconde fois biologiquement. L'air est injecté dans des tourbières chargées de micro-organismes. Les masses de tourbe agissent comme des biofiltres qui retiennent et décontaminent l'air des mauvaises odeurs.

PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DU MARCHÉ

Le marché des traitements des déchets des animaux devrait évoluer en Europe et en France via la réglementation. Les acteurs du secteur attendent une modification des normes, afin que certains coproduits puissent à nouveau passer en catégorie 3 et être valorisables en alimentation animale. Au niveau mondial, l'évolution des cours des matières premières et des énergies pourrait également venir impacter le marché. Les produits issus de la transformation des déchets animaux sont aujourd'hui utilisés dans différentes industries : l'alimentation animale, le petfood, les biocarburants, les fertilisants et l'oléochimie.

Une chaudière polyvalente

Pour ne pas consommer inutilement des ressources énergétiques coûteuses, le système de chaudière du site a été conçu pour être polyvalent. Ainsi, les turbines peuvent fonctionner avec plusieurs énergies : du gaz ou les graisses animales produites sur le site. Prodia Saint-Amour réalise un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros avec un effectif de 200 personnes. La France ne représente que 9 % du chiffre d'affaires de la société. L'essentiel du commerce se fait en Europe (Espagne, Italie, Belgique et Pays-Bas) et au grand export.

Les plus lus

salle de traite en élevage laitier
Prix du lait : des tendances négatives venues d'Europe du Nord

Les prix du lait au producteur sont sous pression dans le nord de l’Europe, car les cotations des produits laitiers…

 Emmanuel Bernard, président de la section bovine d’interbev
Sommet de l’élevage 2025 : « La première chose à faire, c’est de faire naître les veaux ! » pour Emmanuel Bernard, Interbev bovins

Alors que le Sommet de l’élevage commence, Emmanuel Bernard, éleveur bovin et président d’Interbev bovin revient pour Les…

graphique de la cotation entrée abattoir du JB R
Le prix des taurillons R dépasse les 7 €/kg

Les prix des jeunes bovins français grimpent nettement depuis le mois d’août et dépassent un nouveau record historique, même s…

Dépalettiseur
Œufs : « Il manque 3 millions de poules », comment la filière s’adapte à la tension

La transition vers l’œuf alternatif est bien amorcée par l’amont de la filière œuf. Mais il faut plus de poules en code 2 ou 1…

Le poulet label Rouge Rungis
Poulet Label Rouge : « On a vraiment un problème de répartition de valeur »

Après plusieurs années de recul, l’horizon s’éclaircit pour les ventes de poulets entiers Label Rouge en grande distribution.…

Poules standard dans un poulailler automatisé
Le Sud-Ouest se tourne vers le poulet standard pour concurrencer les importations

La France reste confrontée à la hausse des importations de poulets standards, qui représentent désormais un poulet sur deux.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio