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Prix : les IAA s'opposent à une nouvelle loi

Le jour où François Fillon mobilisait neuf ministres pour finaliser le projet de loi de modernisation de l’économie, rassemblés au Carrousel du Louvre à Paris, les industriels de l’agroalimentaire ont fortement affirmé leur réserve sur la question de la négociabilité des tarifs.

« Dans le cadre de la loi Chatel applicable depuis le 1 er mars, nous avons fait beaucoup de concessions. Le texte permet aux distributeurs de baisser leurs prix. Il n’y a pas besoin d’un nouveau texte, d’une nouvelle loi » , a déclaré Jean-René Buisson, président de l’association nationale des industries alimentaires (Ania), hier, en introduction des deuxièmes assises de l’alimentaire. « Nous sommes d’accord pour aller vers plus de transparence mais pas prêts à accepter n’importe quoi même si c’est le Président qui le veut », a-t-il ajouté, menaçant d’aller voir tous les députés, y compris de la majorité, pour les convaincre qu’il s’agit d’une « mauvaise loi ».

Chatel promet des garde-fous

Dans son combat, l’Ania dispose déjà d’un allié en la personne du ministre de l’Agriculture. « Cette loi me préoccupe aussi. […] Il est normal que les entreprises répercutent dans leurs prix la hausse des cours, il en va de la pérennité de vos entreprises », a-t-il déclaré devant un public de 600 industriels. Et d’ajouter, « si l’on doit avancer vers la négociabilité, elle devra s’accompagner de contreparties réelles ».

Malgré les réticences des industriels, Luc Chatel, nouveau porte-parole du gouvernement, toujours en charge de la consommation, a rappelé que la loi de modernisation de l’économie était un sujet qui tenait à cœur à Nicolas Sarkozy. « La France reste un pays trop cher, il faut sortir d’un système de trop forte administration des négociations », a-t-il martelé. Le secrétaire d’État a maintenu sa position sur la négociabilité des tarifs, mais affirmé que le gouvernement mettrait en œuvre les garde-fous nécessaires (sanctions des abus de position dominante, encadrement des délais de paiements, réforme de l’urbanisme commercial).

Une précaution qui ne semble pas avoir rassuré tout le monde.

«La négociabilité existe déjà, pourquoi en rajouter ? Elle est dangereuse et va encore augmenter le rapport de force. Et elle est illusoire : si nous faisons une différence à un distributeur, elle va être visible donc connue, son concurrent va nous passer un coup de fil », a déploré à la tribune, Jean Schwebel, président de la PME Feyel-Artzner. « Je crois bien que la cause est entendue, sauf si l’Ania nous défend et les députés nous aident(ndlr : le Parlement examinera la loi de modernisation de l’économie dans la deuxième quinzaine de mai) », a-t-il lancé.

Nathalie Roos, p-dg de Mars Chocolat, qui représente l’association dans les discussions sur la loi Chatel, a semblé pour sa part rassurée par les propos du Secrétaire d’État. Elle a même paru sur la même longueur d’ondes avec Serge Papin, président de Système U. « Aujourd’hui, on ne négocie plus de ristournes en fin d’année, en fonction du volume d’activités », a-t-elle regretté. « Il faut un plan d’engagement crédible. Je suis prêt à m’engager sur un plan d’affaire », lui a répondu le distributeur, qualifié « de gentil parmi les méchants » par Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA.

Robert Volut, président de la Fédération des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes (Fict), lui n’en démord pas. « Je suis très surpris qu’il faille une nouvelle loi pour baisser les prix alors que l’on n’a pas vérifié que la première loi Chatel fonctionne. […] Nous avons proposé des baisses techniques de tarif pour gérer les marges arrière, il y a eu des refus, je trouve ça débile. Il faut changer la façon de faire, mais il n’y a pas besoin de changer de loi », s’est-il exclamé.

«Vous y avez intérêt, on retrouvera un meilleur intérêt entre les MDD et les marques», lui a répondu Serge Papin. A priori, très technique, le dossier de la négociabilité des tarifs semble nourrir des débats passionnés entre distributeurs et industriels et entre industriels eux-mêmes. Faites du lobbying! a encouragé Michel Barnier, hier, s’affichant comme l’allié des industriels.

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