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Prix : les chiffres de l’INC contestés de toutes parts

La publication de l’enquête de 60 millions de consommateurs a provoqué une levée de boucliers chez les principaux opérateurs montrés du doigt. Charcutiers et laitiers ont répondu, chiffres à l’appui.

La polémique sur les prix « excessivement hauts » de l’alimentaire, largement commentée ces derniers jours, a fait l’objet de mises au point de la part des principales industries mises en cause, qui ont mis en avant indices officiels et panels reconnus. Premiers visés, les industriels laitiers ont répondu, par l’intermédiaire de l’ATLA (transformateurs laitiers) pour mettre en cause « les chiffres extravagants » qui circulent. Les laitiers ont fait observer que le prix du lait payé aux producteurs avait « baissé d’environ 10 % durant la période de 2003 à 2006, du fait de la réforme de la PAC de 2003 » et que « les prix de vente sortie usine des produits laitiers (prix de vente industriel) ont baissé de la même manière entre 2003 et 2006 ». « Dans le même temps, les prix de vente consommateur, fixés par les distributeurs, ont été pratiquement stables sur la période ». Une observation que nous avions détaillée dans ces pages à propos de l’emmental il y a quelques semaines (LM du 16/1). La distribution n’a donc pas répercuté aux consommateurs la baisse de ses prix d’achat et a augmenté ses marges d’environ 6 points d’indice entre 2003 et 23006. « En 2008, la hausse des prix de vente consommateur devrait se limiter à environ 10 % pour les yaourts et 15 % pour les fromages compte tenu de la hausse du prix du lait payé aux producteurs », ajoute l’ATLA dans un communiqué.

Illustration de la colère des industriels, Marc Senoble, p-dg du groupe laitier éponyme, a accusé l’Institut national de la consommation (INC) de mener une « campagne de désinformation » sur les hausses de prix des produits alimentaires. « L’INC affirme, dans son mensuel 60 millions de consommateurs, que les yaourts nature ont augmenté de 17 à 24 % entre novembre et janvier, c’est faux, c’est une campagne de désinformation pour des raisons électorales », a déclaré M. Senoble.

Pour le leader français de la fabrication de yaourts pour les marques de distributeurs, « la réalité mesurée par l’Institut Nielsen, reconnu par tous les professionnels pour son sérieux, est que les yaourts ont augmenté de 10 % et les fromages de 13 % pendant cette période ». Selon M. Senoble, son entreprise a perdu, depuis le début de la polémique, 5 % à 6 % de son chiffre d’affaires habituel, les grandes surfaces passant moins de commandes en raison d’une désaffection des consommateurs.

Des prix « stables » dans la charcuterie

Autre cible de l’enquête INC et des commentaires qui ont suivi, les industriels de la charcuterie ont vivement réagi pour contester la réalité des hausses de prix. La fédération des industries charcutières et traiteurs (FICT) en a pris pour preuve « le panel indépendant TNS Sofres qui relève les quantités consommées et les prix payés par 12 000 foyers français ». « Sur les 4 derniers mois, couverts par l’enquête magazine 60 Millions de consommateurs, le panel TNS donne les résultats suivants pour les produits vendus en libre-service (plus de 70 % des charcuteries-salaisons vendues au détail), remarque la FICT : jambon cuit +1 %, jambon sec -4 %, rillettes -2 %, lardons +1 %, saucissons secs +1 %, saucisses +2 %, pâtés -1 % ». L’ensemble est jugé « stable ». « En tant que professionnels conscients de leur responsabilité, nous souhaitons que l’information économique soit basée sur des faits solides et vérifiables », conclut la fédération.

Particulièrement mis à mal dans ce secteur, Fleury-Michon a récusé la méthode utilisée par la revue, soulignant que les relevés de prix publiés avaient été effectués sur internet et non dans des supermarchés. « Au delà du constat que toutes les enseignes ne sont pas représentées, il apparaît qu’aucun relevé n’a été réalisé en hyper et supermarchés », indique le groupe dans un communiqué. Cette méthode, utilisée par 60 millions de consommateurs, pour évaluer la hausse des prix entre novembre 2007 et janvier 2008, « ne reflète pas la réalité de la situation dans la mesure où environ 99,8 % des ventes des produits à marque Fleury Michon sont réalisés dans les grandes surfaces et non sur internet », selon le communiqué.

Le groupe agroalimentaire donne des exemples de « prix de vente consommateurs moyens » reflétant, selon lui, « les prix réels de vente en rayon », et relevés par le « panel indépendant IRI sur 6 000 points de vente en France ». Selon ce panel, les 4 tranches de jambon supérieur (160 g) Fleury-Michon sont passées de 2,53 euros en novembre 2007 à 2,50 euros en janvier, soit une baisse de 1,18 %. Les quatre tranches de dinde dorées au four seraient, elles, passées de 1,87 euro à 1,96 euro, soit une augmentation de 4,81 %.

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