Prix du lait : comment une vache a tout débloqué
La scène se déroule mardi 31 août, boulevard Haussmann, à Paris. Une cinquantaine de producteurs laitiers, venus de Normandie, manifestent devant le siège de Danone. Objectif : faire pression sur le groupe afin qu’il convainque sa fédération d’industriels privés, la FNIL, de lâcher du lest sur le prix du lait. Le choix du numéro 1 de l’agroalimentaire n’est pas un hasard. En 1997, le groupe de Franck Riboud avait déjà été pris pour cible par les éleveurs. Très sensible à son image dans l’opinion, Danone avait alors joué un rôle clé dans la mise en place de la fameuse recommandation trimestrielle sur le prix du lait.
La manifestation de mardi est pourtant de dimension modeste. Les producteurs se sont contentés d’emmener avec eux un jeune veau de 25 jours, dont la mère, Fatale, est retenue un peu plus loin par les forces de l’ordre, mobilisées en nombre. Le problème, c’est que le veau, lui, n’en a cure et commence à donner des signes de fringale. Naturellement, la délégation réclame que Fatale puisse rejoindre son veau. La réponse de la préfecture de Police fuse : c’est niet, Fatale ne bougera pas. Le ton monte rapidement, au point que les producteurs font du retour de Fatale parmi les manifestants un préalable à leur entrée en négociation avec Danone. Panique au ministère de l’Agriculture, où l’on craint que tout cela ne dégénère. Pascal Viné, conseiller technique au ministère de l’Agriculture, est alors appelé à la rescousse. Il convainc les uns et les autres de garder leur sang-froid et à la police de libérer Fatale. Les événements se précipitent alors vers l’heureuse conclusion : le veau se jette sous les pis de sa mère, les producteurs entrent triomphalement dans le siège de Danone, lequel donne la consigne de se presser à trouver un accord. 48 heures plus tard, celui-ci était signé. Et les producteurs de lait pouvaient saluer la victoire syndicale de la vache Fatale.