Prises de bénéfices par les opérateurs
Au 1er janvier 2012, le bilan de soja mondial apparaissait confortable. Au cours des trois derniers mois, la constante révision à la baisse des estimations de récolte en Amérique du Sud a remis en cause ce diagnostic. Au cours des vingt dernières séances du CBOT, le contrat soja sur l’échéance mai a connu une hausse presque ininterrompue, gagnant au total 0,90 dollar par boisseau soit 25 euros par tonne. Alors que la récolte brésilienne est réalisée à plus de 50 %, les estimations de production poursuivent leur chute. Le 9 mars dernier, le département américain de l’Agriculture (USDA) revoyait la production brésilienne de cette année de 72 millions de tonnes (Mt) à 68,5 Mt. De concert, l’analyste brésilien Safras & Mercado estime cette production à 68,2 Mt. Les estimations les plus basses se situent à 67 Mt. Au Paraguay, on prévoit que la production de soja est en baisse de 50 % par rapport à 2011, à 4 Mt. En Argentine, l’optimisme n’est pas non plus de mise. À moyen terme, cela indique le besoin que le soja n’abandonne pas des surfaces trop importantes au maïs pour les assolements de ce printemps en Amérique du Nord. Plus directement, cela libère l’horizon pour l’accès du soja nord-américain aux marchés internationaux. Si les chargements affichent encore un retard important sur la campagne actuelle, la dynamique des ventes à l’exportation (pour les ancienne et nouvelle récoltes) est porteuse. Enfin, le débat reste entier en ce qui concerne la demande chinoise. En janvier, pour la première fois depuis longtemps, les importations de soja avaient été en hausse. En février, elles devraient rester élevées. Et il semble qu’aujourd’hui un certain optimisme se soit instauré quant aux volumes de soja à importer sur la base de marges de trituration modestement restaurées.
Discussions agitées sur les importations de biodiesel
Le marché européen du colza reste pleinement connecté à la conjoncture mondiale des oléagineux. Et au cours des dernières semaines, le soja n’a pas faibli. Le bilan européen de colza est serré, mais cela fait des mois que cette analyse fait consensus. La demande européenne reste globalement rationnée au travers de marges de trituration médiocres et d’une demande européenne en biodiesel qui marque le pas : les dernières statistiques officielles allemandes indiquent que la consommation de biodiesel a baissé de 5,5 % en 2011 par rapport à l’année précédente. La dépendance européenne en graines ou en huiles vis-à-vis de l’extérieur demeure malgré tout très forte. Et à l’heure actuelle, ce sont les importations de biodiesel qui agitent les discussions. Au cours du dernier trimestre 2011, les importations européennes de biodiesel ont connu une hausse de plus de 50 % par rapport à l’année 2010, avec 0,6 Mt (soit un équivalent de + 1,5 Mt de graines de colza).