« Prendre le meilleur de Rungis, pour Toulouse »
Les Marchés Hebdo : Quelle est la situation du Min de Toulouse que vous venez de prendre en main ?
Maguelone Pontier : L’outil est en très bon état. Les bâtiments sont plutôt modernes et le site assez bien pensé. C’est l’un des plus beaux marchés de France. On a actuellement un taux d’occupation de nos espaces de 88 %. Des investissements ont été réalisés, et il y a du potentiel dans cette région, avec une zone de production importante et de nombreux produits de qualité. Nous sommes ici dans la première région agroalimentaire de France. C’est aussi un bassin de consommation important.
LMH : Quelles sont les spécificités du marché de Toulouse ?
M. P. : Nous sommes actuellement très tournés vers les fruits et légumes d’un côté, et les fleurs et plantes de l’autre. On a tout de même des acteurs en viande et en marée, mais plutôt en entrepôt.
Nous allons investir 6 millions d’euros sur deux ans
LMH : Quelle est votre zone de chalandise ?
M. P. : Historiquement l’ancienne région Midi-Pyrénées. Nous visons la zone Occitanie. Nous allons créer des ponts avec nos marchés voisins, comme Bordeaux, Montpellier, etc. Il faut que l’on diversifie notre offre de producteurs. Des passerelles se feront également avec le marché de Rungis, dont nous devons être le relais.
LMH : Avez-vous une concurrence particulière ?
M. P. : Elle se situe sur deux niveaux. Nous sommes d’un côté évidemment face aux Gasc, dont certains peuvent être à la fois nos concurrents et nos clients. Mais notre vraie concurrence se trouve plutôt dans le mode de consommation des Français. Chaque personne qui fait ses courses en GMS est un consommateur perdu. Il faut repenser le modèle, que les gens sachent que le Min est un circuit de proximité, que c’est un gage de qualité. Notre enjeu : que les consommateurs achètent dans des commerces de proximité. Et que ces derniers aillent bien. La part des fruits et légumes achetés en France dans les commerces de proximité reste dérisoire pour l’instant.
LMH : Que compte apporter la Semmaris ?
M. P. : Avant tout son savoir-faire. Il y a eu ici des gestionnaires qui ont fait construire des bâtiments pas forcément adaptés. À Rungis, la Semmaris gère le plus grand marché du monde, et en accompagne dans une quarantaine de pays. Grâce à la réputation de Rungis, gage de confiance, et son expertise, nous allons attirer de nouveaux opérateurs de qualité pour nos clients. Nous avons une marque, « Le grand marché », et nous allons ainsi travailler sur la notoriété du Min. Nous voulons déployer ici le meilleur de ce que nous faisons déjà à Rungis.
LMH : Quels seront vos investissements ?
M. P. : Nous allons investir environ 6 M€ sur les deux années à venir, en partie pour détruire, puis reconstruire des bâtiments vétustes et en créer des dédiés à la gastronomie. Ces investissements seront sécurisés. Nous n’avons qu’une concession de 22 ans, c’est très court en termes d’amortissement. Nous versons également à Toulouse Métropole une redevance constituée d’une part fixe et d’une part variable. La dette qu’avait accumulée la société d’économie mixte qui nous a précédé avait été générée par certains investissements non pertinents. Nous nous inscrivons dans une logique de rentabilité, mais nous n’augmenterons pas pour autant les loyers. Cela n’arrivera que si nous apportons des services supplémentaires. L’exploitation du site est encore perfectible.
Propos recueillis par Jean-Christophe Magnenet
Une plateforme centrale
L’activité du Min de Toulouse, étalée sur 18 hectares, est importante. En 2016, 237 000 t de produits alimentaires ont ainsi été échangées, générant un chiffre d'affaires de 333 millions d'euros et 880 emplois. Plus de 3 000 acheteurs y croisent 339 producteurs (dont 259 uniquement sur les fruits et légumes) et 148 concessionnaires, grossistes ou transporteurs. De son côté, la Semmaris publiait l’an passé un chiffre d'affaires de 6,08 milliards d'euros pour les grossistes du Min de Rungis.