Première grande enquête française sur le lien pesticides cancer
La première enquête française à grande échelle sur le lien suspecté entre pesticides et cancer est lancée cette année auprès des agriculteurs, a annoncé la Mutualité sociale agricole (MSA) lors d’une conférence de presse mercredi. La MSA va envoyer des questionnaires à 600 000 agriculteurs actifs et retraités de 12 départements, qui disposent d’un registre des cancers et sont représentatifs de la population agricole (Calvados, Doubs, Bas-Rhin, Haut-Rhin, Isère, Loire-Atlantique, Manche, Somme, Tarn, Vendée, Gironde, Côte-d’Or). « Nous espérons suivre pendant plusieurs années 80 000 personnes », a expliqué Jean-Pierre Grillet, médecin chef de la MSA.
Les agriculteurs sont la population professionnelle la plus exposée aux produits phytosanitaires, ou « pesticides ». La France, première puissance agricole européenne, est au 2e ou 3e rang mondial pour l’utilisation de pesticides. Pourtant, on manque d’information sur les effets de ces produits à long terme sur la population française. Les études épidémiologiques sont pour l’essentiel nord-américaines, scandinaves ou italiennes, et ne « collent » par forcément à la réalité française, où on utilise par exemple plus de fongicides que dans d’autres pays. L’enquête tentera d’expliquer pourquoi les agriculteurs développent moins de cancers que la population, mais plus de cancers spécifiques (cancer de la prostate et de l’estomac, leucémies, lymphomes malins, myélomes, cancers cérébraux ou cutanés). L’enquête, dont les premiers résultats sont attendus en 2008, doit permettre de mieux protéger les agriculteurs.