Pourquoi des maladies animales sont en train d’émerger
« La menace d’une pandémie mondiale de grippe aviaire doit être prise très au sérieux», a déclaré mardi Bernard Vallat, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Il s’est exprimé, en conférence de presse, sur les facteurs pouvant conduire à l’apparition de nouvelles maladies.
L’influenza est connue depuis très longtemps. Elle est provoquée par un virus, qui circule encore chez les oiseaux sauvages. Ces animaux ont développé une protection immunologique leur permettant de survivre à l’agent pathogène. Autrefois, les poulets et canards domestiques étaient tout aussi résistants, grâce à un facteur intrinsèque de rusticité. Leurs conditions d’alimentation et de logement étaient différentes par rapport à aujourd’hui. « L’intensification des méthodes d’élevage a conduit à une sélection des races selon des critères de productivité, de conversion alimentaire optimale,a-t-il souligné. Cela a entraîné une moindre résistance aux agressions extérieures, dues à la température, à des pathogènes, à une pauvreté alimentaire ». La réémergence de la maladie a provoqué une hécatombe dans des élevages industriels, avec un taux de mortalité de 100 %. Pourquoi en Asie ? Parce que dans les pays développés, il n’y a pratiquement plus d’élevage en mode traditionnel. « En Asie, la démographie est très importante. Les animaux se promènent dans des basses-cours, entrent en contact avec des espèces sauvages. Il y a une grande promiscuité avec les humains. Autre facteur, la sélection génétique dans les élevages. Elle entraîne une plus grande sensibilité aux maladies », a-t-il ajouté.
Aider les pays touchés
La probabilité d’une contamination de l’homme par le virus actuel de l’influenza aviaire est extrêmement faible, selon lui. Pourtant, un risque de pandémie mondiale existe. Il est lié à une évolution en virus tueur, adapté à l’homme et très contagieux. Cette transformation peut intervenir dans un organisme humain contaminé par la grippe classique, par le biais d’une combinaison génétique. « Personne ne peut estimer la capacité du virus animal à devenir un virus tueur pour l’homme », a-t-il déclaré. Pour prévenir le danger, Bernard Vallat préconise d’éradiquer le mal à la source. « Les pays riches doivent aider les pays touchés à se débarrasser de la maladie». Son conseil est le même vis-à-vis de la rage. Cette maladie a nécessité des investissements considérables à l’échelon européen, pour une éradication dans nos contrées.
D’autres maladies sont en train d’émerger, à cause de divers facteurs. L’infection par le virus West Nile est liée à un moustique. Sa propagation est due à la globalisation des flux de marchandises et des personnes et au réchauffement climatique. Le virus Nippa a émergé suite à la modification d’un écosystème sous l’action de l’homme. Un autre facteur est lié à l’existence de populations naïves. « Les populations qui ne sont jamais en contact avec des pathogènes nouveaux sont très vulnérables », a-t-il souligné.