CONGRÈS DE LA FNPL
Pour une revalorisation du lait
CONGRÈS DE LA FNPL
Pour traiter l’urgence et obtenir une augmentation dès avril du prix du lait, la FNPL a demandé au gouvernement la tenue d’une table ronde pour améliorer le fonctionnement du marché.
Germinal Peiro,
député de la
Dordogne
©
R .LEMOINE
député de la
Dordogne
Thierry Roquefeuil,
président de la FNPL
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R.LEMOINE
président de la FNPL
Lors du congrès de la FNPL, le débat
a porté, entre autres, sur
la répartition des marges entre
la grande distribution, les entreprises
et les producteurs.
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R. LEMOINE
a porté, entre autres, sur
la répartition des marges entre
la grande distribution, les entreprises
et les producteurs.
La conjoncture économique que vivent les producteurs de lait actuellement, avec des prix du lait qui n’ont pas pris en compte l’envolée des coûts de l’alimentation animale, a confisqué les autres sujets de débat au congrès de la FNPL qui s’est tenu en mars dernier à Nantes. Pour illustration, le thème de la table ronde : « Les éleveurs à l’épreuve des marges ». Premier accusé: la distribution, à qui producteurs et entreprises reprochent la pression sur les tarifs dans les négociations commerciales au nom du pouvoir d’achat des Français. Des courbes présentées par le directeur de la FNPL, Gilles Psalmon, pointent du doigt une autre réalité : des prix de vente industriels en baisse face à des prix de vente consommateur en hausse. Même si Philippe Chalmin, président de l’Observatoire des prix et des marges, a rappelé que les marges réalisées par les distributeurs sur les produits laitiers restent relativement faibles, la question urgente qui se pose est comment remédier à cette situation ?
Chahuté par plus de 300 producteurs de lait présents dans la salle, Mathieu Pecqueur de la FCD, a fait remarquer que les distributeurs n’ont pas vocation à partager leurs marges, soulignant toutefois la prise en compte dans les cahiers des charges des filières qualité et de proximité, de tous les maillons impliqués, y compris les agriculteurs.
LA FNPL, DÉTERMINÉE À FAIRE ÉVOLUER LES LIGNES
Par vidéo interposée, Serge Papin, président de Système U, a donné un début de solution en s’engageant à faire passer une hausse de 2 à 3 centimes d’euro sur le lait de consommation. Reste à trouver la méthode pour faire parvenir cet argent aux éleveurs sans tomber sous le joug de l’autorité de la concurrence. « Un type nouveau de contrat est à imaginer pour garantir une rémunération correcte des éleveurs ». Cependant Serge papin ne veut pas être le seul à faire le pas. Concurrence oblige. Un pavé dans la mare ? André Bonnard, trésorier de la FNPL, propose de créer un cahier des charges autour de la marque « Eleveurs laitiers de France », initiée en 2009 par la FNPL. « On nous dit que la valeur ajoutée ne se partage pas. Alors créons la autour des MDD et des premiers prix en la liant à l’origine des produits dont la charge incombe aux producteurs. »
Déterminés à faire évoluer les lignes, les représentants de la FNPL avaient multiplié depuis plusieurs mois, leurs interventions auprès des pouvoirs publics pour obtenir des réponses concrètes. Le gouvernement a en effet accepté de revoir la LME, mais aussi la LMA pour prendre en compte les évolutions des coûts de production et pas seulement. Dans le plan pour l’élevage annoncé par le ministre de l’Agriculture Stéphane le Foll quelques jours avant le congrès de la FNPL, il est également question de réviser la LME (Loi de modernisation de l’économie). « Deux sujets urgents sont à régler, estime Germinal Peiro, député de la Dordogne en charge de l’agriculture au parti socialiste. Il faut pouvoir rediscuter le contrat avec la distribution en cas d’augmentation des charges des agriculteurs. Mais aussi, il faut veiller à ce que tous les détails soient écrits dans le contrat et que son exécution soit contrôlée et les manquements réprimés ». La révision de la LME fait partie du projet de loi Hamon sur la consommation qui sera débattue à l’Assemblée nationale, en juin prochain. Alors que faire face à l’urgence ? Comment redonner de l’oxygène aux éleveurs, de la valeur au lait, à la qualité, à l’innovation, à la diversité ?
UNE TABLE RONDE NATIONALE SUR LE LAIT
Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, demande au ministre de l’Agriculture la tenue d’une table ronde nationale sur le lait dans un délai très proche. Stéphane le Foll, qui a clôturé les travaux, y est favorable. Il a annoncé l’affectation d’une enveloppe de 20 millions d’euros pour 2013 aux récents installés et investisseurs dans l’élevage laitier. 20 millions d’euros seront affectés aussi à la filière vache allaitante et 4 millions à la filière caprine. Stéphane Le Foll compte agir également pour une meilleure protection des producteurs dans le cadre de la contractualisation avec la possibilité de revoir les modalités du calcul du prix du lait lors de forte hausse des coûts de production en parallèle avec les modifications de la LME. Le renforcement du rôle des organisations de producteurs est aussi à l’ordre du jour. Sur la fin des quotas, le ministre a rappelé qu’il avait obtenu un point de rendez-vous à Bruxelles en septembre prochain. « Nous allons travailler d’ici là avec d’autres États membres pour faire émerger une proposition concrète, en cas de déséquilibre sur le marché après 2015 », a-t-il conclu.
L’INTERPROFESSION LAITIÈRE RECONNUE OFFICIELLEMENT
Lors de son intervention au congrès de la FNPL, Stéphane Le Foll a annoncé la signature de la lettre de reconnaissance par l’État de l’interprofession laitière. Une signature attendue par la filière pour acter sa reconnaissance auprès de Bruxelles. Le Cniel va maintenant notifier à la Commission européenne les actions collectives susceptibles d’entrer dans le champ de la concurrence. Celle-ci pourra vérifier qu’elles ne risquent pas d’entraîner des effets économiques néfastes à l’économie de marché et qu’elles contribuent au bon fonctionnement de la filière. De quoi conforter leur légitimité et les sécuriser.