Port : Rouen s’adapte aux tirants d’eau
L'amélioration des accès maritimes jusqu'à Rouen est en bonne voie. Jeudi, la DG du premier port agroalimentaire français Martine Bonny a précisé le calendrier du projet. Celui-ci vise à gagner un mètre de tirant d'eau. La phase de concertation publique s'est achevée le 9 janvier. Elle sera suivie l'an prochain d'une enquête publique. Le début des travaux est lui programmé en 2010, pour un achèvement en 2012. 185 millions d'euros seront investis pour le dragage du chenal (115 M EUR) et l'adaptation des infrastructures portuaires (70 M EUR). « Le gain d'un mètre de tirant d'eau permettra au Port autonome d'accueillir les vraquiers de nouvelle génération, aux émissions réduites et aux coques mieux carénées », a-t-elle souligné.
Les navires vraquiers évoluent en capacité, de « handysize » (en moyenne 35 000 tonnes de port en lourd) à « handymax » (50 000 tonnes). Ainsi, les céréaliers actuellement reçus à Rouen sont à 75 % de l'ancienne génération et 5 % de la nouvelle. En 2013/2015, les « handysize » ne seront plus que 58 % et la part de « handymax » atteindra déjà 32 %.
Un gain de 5 Mt
Le dragage du chenal de la Seine pour gagner un mètre de tirant d'eau est devenu nécessaire. Il ne s'agit pas de creuser la même profondeur sur 120 kilomètres, mais de réduire les points hauts sédimentaires de 40 centimètres en moyenne. « Ce projet fera gagner à Rouen au moins 5 millions de tonnes, a estimé Martine Bonny. L'absence d'adaptation aux tirants d'eau ferait régresser le port à 17 Mt. »Une telle perte serait énorme, alors que le trafic total vient de dépasser pour la troisième année consécutive la barre des 22 millions de tonnes (lire LM du 10/01).
Le Port autonome est entré dans une époque nouvelle de dialogue et d'information avec les élus, les milieux économiques, les riverains. « Notre exigence est de marier développement économique et préservation du cadre naturel, a-t-elle déclaré. Rouen est un vrai port du développement durable, qui amène au plus près de l'Ile-de-France des masses de marchandises n'encombrant plus les routes. »
De nouveaux investissements doivent permettre de mieux exploiter la proximité avec le Marché d'intérêt national (Min) de Rungis. Le groupe MSL/ISL annonce la construction d'un second entrepôt de 11 000 m 2 sur RVSL, doublant la superficie de sa toute première implantation. A terme, ISL disposera de 26 600 m 2 d'entrepôts logistiques à Grand-Couronne. Le montant investi en 2008 représente 12 millions d’euros. D'autres projets devraient naître au profit de groupes belges, afin de capter les flux existant entre Rungis et le port d'Anvers. L'équipement en froid du port autonome de Rouen est donc amené à se développer. Cette année, il est prévu une extension frigorifique ISL à RVSL. Le projet porte sur 4 600 m 2, dont 2 000 m 2 en froid négatif à -28°, 2 000 m 2 en froid positif de +2° à +4° et 600 m 2 en bureaux et locaux sociaux. Au total, 4,4 millions d’euros seront injectés.
Parmi les autres investissements privés en 2008, il faut noter les 50 M EUR de Saipol à Grand-Couronne, pour la production de diester. Cela s'ajoute à la mise en service l'an dernier de l'éthanolerie de blé du groupe Tereos à Lillebonne, avec une logistique des approvisionnements assurée par Senalia. Cette installation induit des flux de blé arrivant par barges et, à l'export, des flux de drèches de blé. Côté investissements publics, le Port autonome va entre autres achever la rénovation de ses hangars historiques au cœur de Rouen. Ces jours-ci, commencent les travaux d'extension de 250 m du quai du terminal conteneurs de Grand-Couronne.