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Port de Marseille : des conséquences lourdes

La confusion régnait encore en début de semaine sur le port de Marseille qui en était à son quatorzième jour de grève lundi. Alors que les agents CGT du Pam avaient annoncé samedi la suspension du mouvement pour les sites de Marseille et Fos conteneurs, tout était remis en cause lundi en fin de matinée pour l’ensemble de l’établissement portuaire. La raison invoquée par la CGT était que les « conclusions n’étaient pas le reflet des négociations » du samedi précédent. Négociations qui incluaient également, le versement d’une « prime de reprise »… du travail.

Lundi soir, la direction du Pam annonçait la reprise de l’activité : à 18 heures pour les terminaux à marchandises de Fos, 22 heures pour le secteur du pétrole et mardi matin pour le secteur marchandises de Marseille. Mais des perturbations sont à craindre et pour quelques temps encore. Pour la journée de lundi, 86 bateaux étaient bloqués à quai ou mouillaient dans la rade. Les déchargements se faisaient au compte goutte à Marseille et Fos, effectués par les dockers salariés des entreprises privées de manutention et pour des opérations ne nécessitant pas d’outillages du PAM. A Fos, les accès au terminal à conteneurs libérés par les forces de police vendredi permettaient aux transporteurs de prendre livraison des conteneurs bloqués depuis le 27 septembre.

Mais « le plus long conflit depuis 20 ans», selon les termes du Préfet de région va laisser des séquelles. Pour les professionnels d’abord, et notamment ceux des produits frais. Selon nos confrères de FLD, la grève du port de Marseille a bloqué 300 conteneurs (soit 6000 tonnes) de pommes françaises. San compter d’autres catégories, comme les avocats.

Au delà des querelles syndicales, les conséquences économiques vont donc être sérieuses -voire dramatiques- pour les entreprises dépendant du Pam. Selon l'Union pour les entreprises (UPE) des Bouches-du-Rhône les pertes en chiffres d'affaires, uniquement pour les marchandises bloquées (dont nombre de produits frais), se monteraient à près de 125 millions d'euros et plus de 1000 personnes seraient à ce jour en situation de chômage partiel. La CCI Marseille Provence estime pour sa part que plus de 25 000 containeurs ont été déroutés.

Afin de répondre aux questions des entrepreneurs ou commerçants, la CCI a mis en place un service téléphonique (04 88 10 44 99) à partir duquel des spécialistes répondront à toutes les questions relavant du droit du travail, fiscalité, douanes, transport, financement etc.

De son côté, la Corse subit les conséquences de deux conflits. D’une part celui de la SNCM, dont les marins bloquent les ports ; d’autre part, celui du Pam d’où les marchandises ne partent plus. Face à cette situation, le syndicat professionnel des transports routiers et de marchandise de Corse a décidé d’un coup d’éclat en annonçant l’arrêt de l’activité de tous ses adhérents pour dimanche dernier. « La situation était devenue intenable, explique José Milani son président. Seul le port d’Ajaccio était ouvert et nous devions multiplier les heures de transport pour desservir l’île. Nous recevions 15 % du fret habituel et les entreprises dépensaient 90 % de leur énergie dans des allers retours incessants. Nous ne pouvions plus continuer sans prendre des risques importants. C’est pourquoi, les transporteurs ont annoncé qu’ils cesseraient toute activité dès dimanche si d’autres ports n’étaient pas ouverts. »

Le message a été entendu puisque le 7 octobre, une réunion a eu lieu à la Chambre de commerce de Haute Corse à Bastia, entre les transporteurs et les organisations syndicales représentatives des marins en grève. Un accord a été conclu qui vise « au nom de l’intérêt collectif à éviter tout affrontement au sein de la population corse et créer les conditions d’empêcher la paralysie de l’économie insulaire». Il stipule que les marins en grève mettent à disposition des transporteurs et du service public, les navires de la CMN (compagnie méridionale de navigation) à partir de Bastia. Ils devront servir essentiellement au transport de marchandises et de personnes civiles. En conséquence de quoi, les transporteurs ont accepté de suspendre toutes les actions annoncées pour dimanche et « s’engagent à ne licencier aucun salarié sur des motifs liés au conflit actuel. » Dans le quatrième alinéa, les signataires de l’accord « s’engagent à se revoir en cas de liquidation judiciaire de la SNCM afin de définir ensemble une politique de transport maritime sur la Corse dans le cadre d’un service public qui en disposerait de la pleine maîtrise. »

Rédaction Réussir

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