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Porc : « les restructurations d'entreprises sont en vue »

La filière porcine est à la veille de grandes manœuvres. Yves Berger sent les abatteurs prêts à effectuer des rapprochements. Il insiste sur la nécessaire bonne entente avec les producteurs.

LM : De nouvelles études apportent un éclairage sur l'état de la filière. Qu'en ressort-il ?

Yves Berger : Jean-Louis Porry et Jacques Lemaître viennent d'établir un diagnostic des restructurations à l'étranger. C'est le prolongement d'une analyse menée il y a trois ans. La situation des abattoirs s'est depuis fortement détériorée. D'où la nécessité presque vitale pour les entreprises de se regrouper, de prendre l'habitude de travailler ensemble. Cooperl, autrefois parmi les tout premiers européens, a rétrogradé dans le classement. Avec quelque 3,5 M de porcs abattus, le groupe ne pèse plus très lourd face à des mastodontes comme Danish Crown (au Danemark) ou Vion (aux Pays-Bas), le N°1 avoisinant les 22 millions de porcs. Des projets avancent en France. Mais, le pas reste à franchir. Mon sentiment est que les abatteurs sont plutôt décidés à y aller. Les groupements de producteurs doivent aussi se lancer. Le cabinet Ernest &Young a analysé les atouts et faiblesses de la filière. Ses conclusions montrent qu'en France, il y a de très beaux outils, d'excellents éleveurs, mais pas de puissance de frappe, pas d'organisation. Les opérateurs se bagarrent entre eux.

A l'export, la stratégie est d'écouler les surplus. Il faut faire davantage d'efforts pour être présent en permanence. Côté prix, le porc français est relativement cher par rapport à ses concurrents, à cause de frais d'abattage, de coûts financiers supérieurs. Les entreprises ont besoin d'acquérir une masse critique suffisante, leur permettant de discuter d'égal à égal avec d'autres, de disposer d'une gamme de produit standardisée.

LM : Quand la restructuration annoncée se produira-t-elle ?

Yves Berger : Il y aura des annonces dans les mois qui viennent. La réflexion est active en Bretagne. Cooperl reste à l'écart, préférant une croissance lente et interne. Mais cette stratégie n'est pas immuable, le groupe n'étant pas à l'abri de difficultés. Les abattoirs ne gagnent pas d'argent actuellement. J'entendais l'un d'eux dire qu'au rythme où vont les pertes ces dernières semaines, la capacité de résistance était inférieure à deux ans. Pour des rapprochements d'entreprises, deux vecteurs doivent intervenir. Il faut une bonne entente entre éleveurs et abatteurs. Si l'aval se concentre, les groupements de producteurs doivent suivre. Il faut aussi l'envie de faire. Je suis persuadé que dès que le coup partira, d'autres suivront.

LM : Quel peut être le rôle des pouvoirs publics ?

Yves Berger : Leur rôle est de faciliter la restructuration. L'Etat aidera un peu, mais le financement doit d'abord venir de la production, de l'abattage et des banques. Récemment, j'ai réuni autour d'une table des entreprises d'aval pour évoquer la cession d'Aoste, d'Herta et d'un autre fabricant de jambon cuit. Il est important de décider collectivement des options à prendre. Les trois groupes concernés pèsent plus du quart de la production française de jambon. Malheureusement, pas un groupe français n'est acquéreur. L'américain Smithfield serait le mieux placé.

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