Porc : les dessous de la naissance d’un nouveau géant breton
L'ensemble activé le 1 er janvier prochain rassemblera production (680 éleveurs, 2,2 millions de porcs charcutiers par an) et industrie : deux abattoirs (56 000 porcs/semaine), huit sites de découpe, une salaison et une société de négoce international, le tout sur 110 000 mètres carrés de surface de production
Le nouveau groupe emploiera 2 700 personnes et représentera une production de 368 000 tonnes pour un chiffre d'affaires de 725 millions d'euros (près de 20 % à exportation). Au regard du nombre d'animaux traités, le groupe occupera le troisième rang national, derrière Socopa (62 000 porcs/semaine) et Cooperl (72 000).
Un montage complexe
La structure capitalistique a fait l'objet d'un montage complexe, aux termes d'une dizaine de mois de discussion. Prestor et le groupement de porcs Cecab vont former une SAS de production (non encore baptisée) qui détiendra 49 % de la SA industrielle, au prorata du nombre que l'un et l'autre apportent -66 % pour Prestor et 34 % pour Cecab porcs. Gad et Cecab possèderont 41 % du capital -respectivement 66 et 34 %-, et Unigrains 10 %.
Guillaume Roué, président de Prestor (et d'Inaporc) prendra la présidence du conseil de surveillance, Loïc Gad celle du conseil de directoire. L'idée de restructuration de la filière porcine française, encore très atomisée eu égard aux géants européens Vion et Tönnies (Allemagne) ou Danish Crown (Danemark) avait été une des préconisations de l'expert Jean-Louis Porry (2004). Par la suite, les industriels avaient multiplié les rencontres dans le cadre d'un projet de restructuration appelé Hermès, sans aboutir.
« Multi-sourcing »
La réussite de l'opération tient en plusieurs facteurs : le « multi-sourcing » d'un industriel qui s'appuiera sur des producteurs répartis sur la Bretagne et la Loire-Atlantique ; la complémentarité des outils d'abattage découpe, l'un très tourné vers les produits élaborés (Gad), l'autre plus découpeur (Europig) ; et surtout sur les perspectives de développement pour répondre aux distributeurs qui réduisent progressivement leur rayon traditionnel au profit du libre-service, et s'adapter à la libéralisation des échanges en marche.
Loïc Gad a d'ores et déjà annoncé la couleur : « 30 millions d'euros vont être investis dans les trois prochaines années, a-t-il indiqué, dont 10 millions à Lampaul-Guimiliau pour doubler le volume de produits élaborés à 10 000 tonnes, 10 millions chez Europig accroître la découpe et le désossage. » Il n'y aura pas de restructuration, mais au contraire la création de 400 à 500 emplois dans les cinq prochaines années.
Des outils devraient être spécialisés. La salaisonnerie Aubret (Cecab), par exemple, pourrait récupérer les volumes de lardons fabriqués par Gad pour compléter sa ligne de fabrication flambant neuve. D'ici à 2009, l'ensemble devrait générer « entre 7 et 11 millions d'euros de résultat net et un cash-flow de 12 à 16 millions », a précisé Loïc Gad, ajoutant que la porte reste ouverte à d'autres partenaires.