Porc : l’Allemagne, un appétit de géant
Selon les chiffres de la production porcine dans l’Union européenne à 25, un cochon sur trois est venu d’Allemagne ou d’Espagne l’année dernière 245 millions de cochons ont été produits dans l’Union européenne en 2006. Dans l’ordre, 42,8 millions sont venus d’Allemagne, 38,9 d’Espagne, 25,8 du Danemark, 25,7 millions de France, 24,6 de Pologne, etc.. Ces deux pays ont battu l’année dernière leur record de production. La France ? Depuis son pic de production qui date de 1999 (27,05 millions de porcs), sa production recule chaque année, à la seule exception de 2002. Invité la semaine dernière par le Marché du Porc Breton, Dietmar Weiss, chef du département bétail et viande de l’office central des viandes allemand a décrypté le chemin parcouru par l’Allemagne. Réunifiée en 1990, l’Allemagne a vu sa production porcine progresser de 30 % entre 1996 et 2006, à 42 millions de porcs. Le dynamisme de ce secteur économique donne le meilleur prix du porc d’Europe.
97% d’autosuffisance
Le fort appétit des Allemands en viande de porc -54 kilos par an et par habitant-, et leur souci d’atteindre rapidement l’autosuffisance (97 % actuellement) n’expliquent pas seuls l’explosion de la production. Dietmar Weiss évoque d’autres pistes. Peste porcine, fièvre aphteuse… Le retrait du marché européen, l’espace de quelques mois, des viandes de porc hollandaises à la fin des années 1990, puis françaises au début des années 2000 a constitué une réelle aubaine pour les opérateurs allemands.
En plus de leurs nationaux, les Rest, Tönnies, le Hollandais Vion ont pu augmenter leurs capacités pour exporter de plus en plus. Si l’on prend l’indicateur « export Pays Tiers », l’Allemagne figure désormais au second rang européen (un peu moins de 350 000 tonnes sur 2 millions de tonnes exportées par l’UE en 2006, selon Weiss) derrière le Danemark (550 000 tonnes). A titre d’exemple, la France se situe à 180 000 tonnes environ, toujours de même source.
Pour l’expert allemand, cette domination pourrait encore se renforcer dans les prochaines années. Les industriels présents en Allemagne abattent déjà plus que le pays ne produit de cochons (49,8 millions en 2006), des animaux vivants qu’ils importent des Pays-Bas, du Danemark, de la France, etc. Et ils agrandissent encore leurs usines pour assouvir les besoins grandissants en viande de porc de tout l’est de l’Europe, Russie comprise. Dans les années à venir, de nouveaux records sont attendus, en production (+ 2,7 % prévus en 2007) comme en abattage.
A moyen terme, Dietmar Weiss imagine que « l’Allemagne (agira) de plus en plus comme un centre de services pour l’abattage et la découpe en Europe ». Mais elle devra renforcer ses positions à l’exportation, en particulier vers l’Asie dont elle est encore absente. A moins que l’expansion porcine de l’Allemagne soit freinée par l’élévation du coût alimentaire, consécutif à l’explosion des surfaces cultivables en biocarburants, conclut M.Weiss.