Porc : la France se pliera aux contrôles sur la trichine
Les analyses de trichine pourraient devenir systématiques sur la viande porcine. Un accord de principe a été trouvé lundi soir entre les exportateurs et la Direction générale de l’Alimentation (DGAL). L’enjeu est de conserver le marché russe, premier débouché vers les pays tiers. «Des autocontrôles systématiques seraient mis en place dans les abattoirs concernés, précise Paul Rouche, président délégué du Syndicat national du commerce du porc (SNCP). Le dispositif doit être validé par l’Afssa dans les prochains jours. Il pourrait être opérationnel d’ici à quelques semaines».
Le temps presse, en effet. Vendredi dernier, la DGAL a diffusé une nouvelle note d’information aux services vétérinaires. Plus question d’éluder le point 4.5. des certificats sanitaires russes, qui concerne la trichinellose (lire notre édition du 4 mars). Les établissements agréés pour l’exportation de viande porcine destinées à la consommation en l’état devront désormais fournir une analyse négative pour chaque carcasse.
Jusqu’à présent, ils se contentaient d’un contrôle aléatoire par sondage sur l’ensemble de leur production, le nombre d’échantillons correspondant à la totalité de l’équivalent carcasses des tonnages de produits congelés destinés à la Russie.
Une perte de valorisation de 30% à 40%
En conséquence, les seules expéditions possibles concernent à l’heure actuelle les produits transformés. Par rapport aux viandes destinées à la consommation en l’état, la perte de valorisation représente 30 à 40 %. «C’est d’autant plus dommage que la France fait partie des trois pays agréés pour le marché du détail, avec le Danemark et l’Espagne, signale Paul Rouche. Eux certifient qu’ils font 100 % d’analyse des trichines. J’en doute fort. Le Danemark est au-delà des 10 % pratiqués en France, l’Espagne n’est pas à 100 %».
Le dépistage systématique des trichines représenterait une facture avoisinant les 28 millions d’euros. Pour réduire les coûts, le syndicat national du commerce du porc propose de réaliser les contrôles supplémentaires au sein des abattoirs. Les analyses officielles continueraient, quant à elles, à être effectuées dans des laboratoires départementaux.
Le marché russe constitue notre principal débouché hors de l’Union européenne, avec 40 000 tonnes exportées en 2004. Il semble qu’à peu près 85 % empruntent le chemin des circuits du détail. Pour les abats ou le gras, l’exportation vers la Fédération de Russie `apporte un gain de valorisation de 30 centimes d’euro par kilo.
Selon le SNCP, l’exportation vers la Russie aurait soutenu les prix du porc en France de 10 à 15 centimes d’euro par kilo de carcasse en 2004.