Porc : la castration soulève la polémique
La pression s'accentue en Europe contre la castration des porcelets. Aux Pays-Bas, les distributeurs ont convenu de ne commercialiser à terme que la viande issue d'animaux non castrés. Les éleveurs néerlandais devront eux modifier leurs pratiques dès le 1er janvier 2009. Ils se sont engagés à étourdir les porcelets au CO 2 lors de la castration, avant de basculer vers une interdiction totale. En Allemagne, la situation va bouger dans les prochaines semaines, avec une modification de l'assurance qualité QS (Quälitat Sicherheit). Les éleveurs seront tenus de procéder à une injection anti-douleur avant la castration. Un étiquetage sur le bien-être est prévu. L'interdiction de la castration est prévue en 2013. En Belgique, les ONG et les distributeurs doivent se réunir en novembre pour aboutir à un accord sur le sujet.
La position de la Commission européenne a été détaillée par Andrea Gavinelli, chef de secteur Bien-être animal à la DG Sanco, lors d'une réunion mi-septembre de l'UECBV (Commerce du bétail et de la viande). « La Commission souhaite aboutir, avant dix mois, à une révision de la législation de 1998 sur l'élevage, en s'appuyant sur les cinq libertés fondamentales des animaux,selon le compte-rendu de la circulaire Porc de la FNICGV. Dans le même esprit que la nouvelle réglementation sur le bien-être à l'abattage, elle devrait tendre vers une obligation de résultats plus que de moyens. » Bruxelles attend toutefois les résultats du projet Pigcas avant d'envisager l'interdiction de la castration des porcelets. Le programme de recherche est soutenu par le Parlement européen, qui a voté un crédit de 1 million d'euros sans même avoir la demande d'une telle somme par la Commission. C'est bien la preuve de la tournure à la fois scientifique et politique du dossier.
Casse-tête technique
En France, les rencontres « Animal et Société » ont abouti en juillet à un consensus entre les différents acteurs sur l'importance de l'animal et sur le respect qui lui est dû en tant qu'être sensible. Une charte sera élaborée, d'ici à la fin de l'année, rappelant en particulier les grands principes de la réglementation française et communautaire, le rôle et les devoirs des différents acteurs, la nécessité de promouvoir les bonnes pratiques et les chartes de qualité, ainsi que le besoin d'informer le public sur l'animal. Des mesures visent à améliorer la protection des animaux de ferme, en recherchant des alternatives lorsque les pratiques d'élevage ne conviennent pas aux ONG, comme la coupe des queues. Une étude de l'Institut du porc (Ifip) est en cours, sous l'égide de l'interprofession (Inaporc), pour cerner les solutions les plus appropriées face à une interdiction de la castration.
Cette éventualité soulève la question de l'équivalence des méthodes anti-douleur appliquées au porcelet. Aux Pays-Bas, les ONG refusent l'anesthésie. En Allemagne, elles sont contre l'étourdissement au CO 2. En Belgique, le CO 2 et l'immunocastration seraient acceptées. « Faute d'une reconnaissance des pratiques entre les filières porcines européennes, la situation risque de devenir un casse-tête », estime la FNICGV.