Porc : ces voisins dont la France pourrait s’inspirer
L’Institut du porc (Ifip) a eu la bonne idée de proposer des témoignages venus d’Espagne et d’Allemagne, lors d’une journée de réflexion sur la consommation de porc mardi à Rennes. Nos voisins bénéficient en effet d’une forte demande sur leur marché domestique, avec respectivement 57 et 54 kg par habitant en 2006. En France, la consommation représente 34,5 kg et la part de porc frais (moins de 30 %) est en baisse (environ -10 % depuis 2000 selon TNS). Peut-on alors s’inspirer de ces deux exemples étrangers ?
La première chose qui saute aux yeux est la grande diversité de leur offre. Vincent Legendre, du pôle Économie de l’Ifip, a notamment relevé, en Allemagne, du cordon-bleu de porc, en Espagne, de la viande hachée de porc et du mixte porc/bœuf. Pas de quoi émoustiller les rares industriels présents dans la salle. « Il existe, dans la viande fraîche en France, davantage de nouveautés qu’on veut bien le reconnaître. Mais, leurs volumes restent faibles », a souligné Pierre-Yves Perrin de Socopa. Selon Henk Smit, responsable des ventes chez Vion, « le problème en Allemagne, c’est qu’il faut que ça ne coûte rien. Le consommateur se dit prêt à payer la qualité. Dans les faits, ce n’est pas le cas ».
Positionnement sur le prix
Outre-Rhin aussi, la guerre des prix fait rage entre grandes enseignes. Paul Michels, de l’institut ZMP, a noté en début d’année de la viande hachée à 1,98 euro chez Walmart, à 2 euros chez Real. Bien que la consommation de porc affiche une grande régularité, les récents scandales de viande avariée affectent la charcuterie. Celle-ci perd en volume de -2 à -4 % en évolution trimestrielle sur 2006 et 2007.
Au-delà des Pyrénées, tout n’est pas rose non plus. L’économiste Jose-Maria Gil estime certes que « la légère croissance des dernières années devrait se maintenir, avec un développement plus élevé des produits de qualité garantie ». Mais, les prix à la consommation en Espagne sont actuellement inférieurs d’environ 15 % à la moyenne dans l’UE. Fernando Pascual, secrétaire général de l’association des industriels Asocarne, considère comme une menace les difficultés à accroître la demande en porc dans la péninsule ibérique. « La seule possibilité de développement est l’export », a-t-il lancé.
Alors, où trouver le remède miracle pour tonifier la consommation française de porc ? Le chercheur Stéphane Gouin, de l’Agrocampus de Rennes, pense connaître la solution. D’après lui, la segmentation du marché est trop basique, pas assez fondée sur les instants de consommation. Les industriels évaluent mal leur cible et sont déficients en innovation. Enfin, la politique promotionnelle est excessivement fondée sur le prix. Le spécialiste du marketing recommande de débanaliser l’offre, par la marque, l’emballage, les usages. « Il faut oser innover et rompre avec la tradition », a-t-il souligné.