Porc : Bruxelles redonne un coup de pouce au marché
La Commission européenne a annoncé lundi la prolongation pendant trois mois supplémentaires des contrats pour les viandes porcines sous le régime du stockage privé. 100 633 tonnes sont concernées et leur mise sur le marché, repoussée à juin/juillet, devrait coïncider avec un fléchissement de l'offre dans l'UE. Une décision formelle sera prise demain en comité de gestion. Bruxelles a par ailleurs décidé de maintenir les restitutions à leur niveau actuel, soit 31 euros par 100 kg pour les carcasses et les découpes de viande. Grâce à ces aides à l'export, quelque 160 000 tonnes de porc sont sur le point d'être exportées hors de l'UE.
La Fédération nationale porcine (FNP) et les sections porcines des départements du grand Ouest ont quant à elles appelé les producteurs à manifester hier à Rennes. « L'objectif de cette action est de permettre la prise de conscience par l'opinion et les pouvoirs publics, de la gravité de la crise qui touche les éleveurs de porcs et menace leur avenir », soulignent les organisations syndicales dans un communiqué. Les représentants des éleveurs demandent la mise en œuvre d'un véritable « plan de sauvegarde pour la production porcine française ». Leur action devait se dérouler sous forme de barrages filtrants, avec distribution de tracts en différents points de la périphérie de la ville.
Le jambon US débarque
De son côté, le Syndicat national du commerce et du porc (SNCP) a souligné lundi avoir « donné un signe fort à la production avec une hausse de 3 centimes » au cadran breton, alors même que « rien ne le justifiait sur le marché français ». Les abatteurs découpeurs n'ont obtenu aucune revalorisation des prix du jambon ou du porc frais. « Pour sortir les éleveurs de la crise, comme pour répercuter la hausse des matières premières sur les prix en production, il convient de prolonger la chaîne de hausses de prix de l'abatteur jusqu'aux consommateurs, faute de quoi aucune reprise du marché n'est possible », poursuit le communiqué. Par ailleurs, une nouvelle risque de faire beaucoup de bruit dans la filière. Le distributeur Carrefour propose du jambon cuit supérieur d'origine américaine au prix de 1,33 euro les quatre tranches, tout droit sorti des usines du géant Smithfield.
Selon les organisations professionnelles et coopératives agricoles de l'UE (Copa et Cogeca), les producteurs européens perdent actuellement jusqu'à 35 euros par porc abattu et environ 20 % d'entre eux risquent de mettre la clé sous la porte dans les six à dix mois à venir si rien n'est fait. Ces deux organisations, qui insistent sur la nécessité d'augmenter la disponibilité en aliments pour animaux, réclament une stimulation de la production végétale européenne et veulent relancer le débat sur l'utilisation des protéines animales transformées.
Demain, les représentants français de la filière auront l'occasion de discuter de l'ensemble de ces points, lors d'une rencontre avec le ministre de l'Agriculture Michel Barnier.