Pommes de terre : le Sud ne doit pas faire oublier l’Est
Dans de précédents numéros, nous avions noté le bilan record des exportations de pommes de terre de conservation. Un record qui a été déjà établi à la fin avril, c’est-à-dire avant même la fin de campagne.
Compte tenu de l’importance des exportations, qui représentent la moitié des pommes de terre consommées en frais. C’est un bilan globalement très satisfaisant, mais qui demande d’être examiné plus précisément, car à résultats exceptionnels, il y a aussi causes exceptionnelles. Comme nous le rappelait Hugues Pouzin, directeur de Fédépom, à l’issue du congrès de sa fédération, c’est en premier lieu la faiblesse de la production du Sud de l’Union européenne l’an dernier qui a obligé l’Espagne, l’Italie et le Portugal à accroître considérablement leurs habituels approvisionnements extérieurs. Autre raison, structurelle cette fois : l’Espagne et l’Italie sont depuis longtemps devenues les deux plus gros clients réguliers de la production française, les courants commerciaux sont maintenant solides et l’implantation de la grande distribution française est forte au-delà des Alpes et des Pyrénées. Ce dernier facteur est hautement favorable à l’écoulement des produits français. Dans le cadre de l’élargissement de l’UE, c’est d’ailleurs un des arguments majeurs sur lequel comptent les opérateurs français.
L’un des rapports présenté au congrès de Fédépom, note en effet : « … les centrales d’achats des hypermarchés désormais en forte position, risquent d’arbitrer souvent, dans un premier temps, en faveur de l’approvisionnement ouest-européen, servi par une logistique redoutablement efficace et dont la mise en place en Europe centrale prendra du temps».
Les exportations à l’Est ont été confidentielles
Ce raisonnement vaut pour les pays de l’Est en général et la Russie en particulier. Or, pour cette campagne, les exportations vers ces pays ont été confidentielles. On peut y voir deux causes majeures : d’une part, les prix élevés de notre production et d’une autre, un manque d’intérêt conjoncturel compréhensible de la part des exportateurs sollicités par les importateurs du sud de l’UE. Cette région de l’Europe a représenté 75 % de nos ventes extérieures et le Nord 15 %… La part de l’ensemble des autres pays est facile à calculer. Pour 2004-2005, les conditions risquent de changer, notamment en ce qui concerne les productions, donc les besoins, de l’Italie et de la péninsule Ibérique. Les récoltes nord communautaires aussi, notamment en France où les surfaces sont estimées en progression de quelque 4 % par le SCEES.
Dans une telle perspective, les débouchés à l’Est redeviennent d’actualité. Fédépom, le CNIPT (interprofession) avec le concours de la Région Nord Pas de Calais vont donc poursuivre les missions entreprises auprès de ces clients potentiels, par le développement des contacts avec la distribution, les relations entre opérateurs et la présence dans les diverses manifestations.