Pommes de terre de conservation : une campagne « satisfaisante »
Le premier constat positif , c’est l’évolution des cotations. Après les très médiocres prix de la campagne 2004-2005, ceux de l’actuelle campagne se sont rapprochés du niveau de 2003-2004. La bintje non lavée, 40-75 MM départ Nord-Picardie a tenu une moyenne de 132 euros la tonne, contre 55 euros en 2004-2005 et 166 euros en 2003-2004. Les prix des « chair ferme » se sont bien tenus même si traditionnellement les fluctuations du haut de gamme, d’une année à l’autre sont moins sensibles que pour les variétés courantes. La Charlotte termine la saison sur une cotation de 520 euros départ Loiret, contre 480 l’an dernier et 570 en 2003-2004.
Le second constat très positif, que nous avons encore signalé récemment, c’est le bilan de l’exportation qui, entre le 1er août 2005 et le 30 avril 2006, atteint 1,24 Mt dépassant ainsi le record de 2003-2004/1,23 Mt pour la période correspondante (détails dans notre édition du 14 avril).
L’ombre au tableau, c’est la baisse de consommation qui se poursuit. Sur la période du 11 juillet 2005 au 23 avril 2006, le panel Secodip enregistre une nouvelle réduction des achats des ménages de 2,3 % particulièrement sensible dans les supermarchés (-9,3 %), seuls les hypermarchés progressant avec +3,1 %. L’interprofession a décidé le lancement d’une nouvelle campagne de communication télévisée.
Perspectives optimistes
En ce qui concerne la prochaine campagne, les perspectives décrites par le CNIPT sont généralement optimistes. En premier lieu, les bons prix de la campagne n’ont pas entraîné, comme cela se produisait généralement, une augmentation des surfaces plantée. L’UNPT (union des producteurs) ne voit cependant pas dans cette diminution des surfaces que des motivations constructives et l’analyse ainsi. « Il y a plusieurs explications à cette baisse : une orientation des producteurs vers les débouchés éthanol, la baisse de rentabilité de la production pomme de terre du fait de l’augmentation des charges non couverte par une revalorisation des contrats, la réforme de la PAC. En effet, les DPU ne peuvent pas être activés sur les surfaces pommes de terre hors fécule», analyse l’union.
Néanmoins, l’UNPT reconnaît que cette baisse permet aux producteurs d’envisager plus sereinement leurs débouchés pour la prochaine campagne grâce à un bon équilibre théorique entre l’offre et les besoins nationaux et européenne. En effet, l’enquête, réalisée conjointement par l’UNPT et le CNIPT, prévoit une baisse de 1,5 % des surfaces emblavées en pommes de terre. Ce chiffre est encore provisoire mais confirme la baisse de 1,9 % prévue par le ministère de l’Agriculture. Les estimations du CNIPT portent sur 103 100 hectares contre 104 700 hectares en 2005 mais se situe quand même dans la moyenne haute. La baisse des surfaces est surtout sensible dans la première région de production, le Nord-Pas de Calais, 36 500 hectares contre 37 900 l’an dernier. La Picardie est stable à 27 500 hectares et la 3e région, Champagne-Ardenne, progresse de 1,8 % à 11 300 hectares.
D’après les premières estimations européennes, les surfaces seraient également en recul en Angleterre, Allemagne, et en Espagne (-2,5 %). La baisse La production européenne des 5 cinq plus importants pays producteurs de pommes de terre se stabiliserait au même niveau que l’année dernière aux alentours de 20 900 000 tonnes. La baisse des surfaces en Espagne est un élément important pour nos exportations car l’Espagne est de loin notre premier client en pommes de terre de consommation et une réduction de sa culture qui pourrait être structurelle, renforcerait encore notre position sur ce marché.