Poitou-Charentes : les temps sont durs pour le lait
Avec 1,264 milliard de litres de lait collectés en 2004, l’association centrale des laiteries coopératives des Charentes et du Poitou affiche des résultats satisfaisants, forte de ses 7 150 producteurs (5 050 de lait de vache, 2 110 de lait de chèvre). Des chiffres qui ont été largement commentés, lors de l’assemblée générale annuelle qui s’est tenue la semaine dernière à Niort. Paradoxalement, malgré une augmentation de sa collecte de 0,79 %, et une productivité par exploitation de 279 600 litres (la moyenne nationale est à 218 600), la coopération doit faire face à de multiples problèmes conjoncturels liés à la PAC (comme la baisse du prix du litre de lait, limitée à 0,30 % contre 3 % pour la moyenne nationale), à la disparition d’un nombre important de producteurs, à la pression de la grande distribution.
« Le contexte est certes difficile, a reconnu Jean-Pierre Secq, directeur de l’ALC, mais pas question de tomber dans la sinistrose. Notre bassin laitier a limité la baisse des prix, et dans ce contexte de guerre économique, la coopérative a démontré son utilité comme outil privilégié à la défense de ses producteurs.» Dominique Bussereau, dont c’était le tout premier discours en tant que ministre du nouveau gouvernement, s’est voulu rassurant, affirmant « qu’il fallait maintenir le maximum d’exploitations laitières viables sur tout le territoire, particulièrement en Poitou-Charentes...» Ségolène Royal, la présidente de la Région a de son côté enfoncé le clou, demandant des aides pour l’installation des jeunes, regrettant le manque de soutien apporté à la filière caprine, recommandant la mise aux normes des bâtiments dans un contexte environnemental. Mais pour les responsables de l’association, le plus important reste surtout le maintien et le développement de l’existant.
Moderniser ou disparaître
« Nous sommes aujourd’hui bien engagés dans l’année 2005, ont rappelé ces derniers. Les cours se sont stabilisés, bien qu’insuffisants, mais la consommation est en baisse, la pression exercée par la grande distribution freine les marchés. Sans compter les incidences de la PAC. Il nous faut donc garder notre sérénité, et nous adapter, face à un enjeu très simple : ou bien nous accélérons la modernisation de nos élevages, nous améliorons nos performances, ou bien nous disparaissons».
Les solutions avancées consistent principalement dans les aides à l’installation, la transmission des exploitations, l’allégement des procédures administratives, la modernisation des bâtiments d’élevage. Mais pour Jean-Pierre Secq et ses partenaires, le salut viendra aussi du renforcement des structures coopératives, et leur rôle de régulateur face à l’émergence des géants de la transformation. Et surtout dans le maintien d’une production qui aura permis à l’Association de réaliser en 2004 plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, et de faire vivre 3 000 salariés.