Point de non-retour
Les négociations 2017 commencent et tout laisse à penser qu’elles s’amorcent sur la même lignée que les années précédentes, avec des discussions âpres et très tendues dans les box jusqu’au 28 février, voire au-delà. Et ce, malgré les quelques aménagements qu’apportera très tardivement la loi Sapin 2. En dépit des grands discours, aucune enseigne n’a l’air de vouloir lâcher sur les prix, pour preuves le retour en force des prospectus avec la bataille redoublée des promotions depuis la rentrée de septembre. Les élections présidentielles, intervenant après la remise du rapport commandé par Emmanuel Macron sur la LME, seront sûrement l’occasion de remettre sur le tapis l’idée d’une nouvelle loi encadrant les relations commerciales… Et d’ouvrir à nouveau la boîte de Pandore. Mais d’ici là, les négociations annuelles ne doivent pas une nouvelle fois se révéler pires que celles de l’année précédente, au risque de laisser des traces irrémédiables dans le tissu agroalimentaire français. Comme le rappelle le bilan des défaillances d’entreprises 2016 de Groupama Assurance-Crédit, publié la semaine dernière, « la filière alimentaire affiche son niveau de marge le plus faible depuis les années 1970. […] Le niveau d’investissement des entreprises du secteur est au plus bas depuis plus de cinq ans ». La volatilité des cours des produits agricoles ajoutée à la pression de la grande distribution fragilise les entreprises. Après avoir longtemps résisté, le secteur agroalimentaire voit son taux de défaillances progresser depuis 2012. Il s’est stabilisé l’an dernier à 2,18 % (contre 1,85 % pour l’ensemble de l’industrie). Pour les IAA (hors grossistes et distributeurs), ce taux atteint même 2,6 %. Le travail du grain, les viandes et les produits laitiers sont les plus affectés. Parmi les entreprises dont les défaillances sont intervenues en 2016, Groupama Assurance-Crédit cite de grandes entreprises comme Continentale Nutrition (95,60 M€ de CA), Groupe Copvial (62 M€), Conserverie Minerve (23,30 M€), Atlantic seafood ingredients (14,40 M€), Yabon Baby (16,20 M€). Combien d’autres devront tomber avant que cela ne change ?