Pintade : il ne manque plus que la grande distribution

«La pintade peut devenir le chef de file de l’aviculture française » proclame le rapport d’orientation du Comité interprofessionnel de la pintade (CIP), dont l’assemblée générale se tenait mercredi à Paris. Cette ambition teintée d’humour s’appuie sur des résultats très encourageants en restauration et à l’export, et sur le succès croissant du chapon et des farcis de pintade en fin d’année. Avec 33% des abattages destinés à la RHD et 15% à l’export, les débouchés se répartissent de façon atypique. Un minimum de 11 à 12 000 tonnes (tec) au minimum est utilisé en restauration commerciale et collective, selon l’Itavi. En Grande-Bretagne où la pintade fait figure de viande exotique, les ventes ont progressé de 86% par rapport à 2002. Ce client se place devant la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne et le Japon, où les ventes stagnent. Les exportations sous forme de carcasses ont progressé l’an dernier de 6,4% en tonnage et de 15,3% en valeur ; et le rythme s’accélère encore au premier trimestre. En comptant les découpes, dont le tonnage exporté est supérieur (3000 tec d’après une enquête du CIP), on arrive à près de 5 600 tonnes. La GMS est sous-représentée. Si présente pour les autres espèces, elle ne représente que 34% des débouchés de la pintade.
« Equilibre carcasse »
Autre différence : les pièces entières et pintades sous Label Rouge y sont plus largement diffusées que les découpes (10 % du tonnage), qui pourtant représentent 27% des abattages. Pourquoi consomme-t-on deux fois plus souvent de pintade hors domicile, s’interroge-t-on au CIP ? Selon les principaux abatteurs, les GMS devraient distribuer trois fois plus de découpes de pintade. Il faut des portions « adaptées avec un prix paquet qui tienne la route », a précisé Jean-Christophe Léon (Savel), président de la Commission Communication. Une découpe de pintade standard ne se vend pas plus cher qu’une découpe de poulet Label Rouge. Les suprêmes (ou filets) représentent les deux tiers des découpes exportées. Les cuisses sont surtout pour la restauration française. La distribution, moins exigeante en calibrage, représente un débouché complémentaire sous l’angle de l’« équilibre carcasse ».
« Les intermédiaires ne présentent pas l’univers de la pintade tel qu’il est aujourd’hui », a renchéri le représentant de la société Rémi Ramon, qui a suggéré d’aller à la rencontre des chefs de rayon et de « ceux qui passent commandes ». Devant les faibles résultats des opérations de promotion sous les enseignes, le CIP a décidé de proposer aux distributeurs des partenariats ciblés avec des objectifs de résultats, de se rapprocher des magasins. « Au cours d’une opération, il faut qu’on vende un certain nombre de pintades », a insisté le président du CIP, Guy Berges. Ce souci d’efficacité, allié à une meilleure coordination entre opérateurs, comme l’a suggéré Alain Melot, président de l’APVF (association de promotion de la volaille française), devrait porter ses fruits. Mais la filière a un facteur limitant à faire sauter : l’effectif de bâtiments d’élevage s’amenuise et les éleveurs préfèrent le poulet…