Petites combines
Prix du lait : fallait-il pour parvenir à un accord une telle tension, un tel refus de l’évidence, et des actions de force d’un autre âge ? Fruits et légumes : pourquoi détourner des accords dès qu’on les a signés, en traficotant sur leur application ? La baisse dans les grandes surfaces : pourquoi faire d’une bonne initiative un écheveau incompréhensible, et une bande-annonce pour les enseignes ? Il n’y a pas de réponses à ces questions, sauf cet amoralisme qui tient lieu désormais de règle et d’honneur dans les affaires. Cet abaissement s’exprime dans la recherche de la petite combine, la jouissance de l’étranglement du fournisseur ou du client, la glorification du petit malin, la considération pour l’escroc qui réussit. Doit-on s’y résoudre ? Reconnaissons que l’évolution récente ne plaide pas en faveur d’un retour spontané vers des comportements honorables et que les temps de la barbarie ne semblent pas achevés. Il y a trois semaines, nous constations le retour des Vandales. Les Huns les suivirent de peu : laids et cruels, pillant ici, rançonnant là, toujours en mouvement, inventifs et adaptables, jamais à court d’une ruse et d’une trahison, ils donnèrent du fil à retordre aux gens sérieux de l’époque, le pape et l’empereur. Ceux-ci mirent un siècle à s’en débarrasser, mais ils y parvinrent. Cela nous laisse quelque espoir…