Petite passe d’armes entre amis
Jean-Paul Jamet, le directeur général du CNIEL, a du caractère comme on dit et, à l’occasion, une rude franchise de ton. Le pauvre Régis Dubourg, directeur du développement durable de Carrefour vient d’en éprouver les aspérités lors d’un débat sur la sécurité alimentaire organisé par le Centre démocrate dans les locaux de l’Assemblée nationale. Il décrivait avec force détails les mesures imposées aux producteurs dans les cahiers des charges des différentes « filières qualité » et en était à expliquer que le groupe avait été jusqu’à proscrire l’ensilage dans la nourriture des vaches fournissant le lait de ses camemberts normands (ce qui, entre nous, relève quand même un peu de la paranoïa…). « En utilisant de façon excessive et abusive le principe de précaution, les industriels prennent le risque de créer des crises alimentaires » s’est alors insurgé Jean-Paul Jamet. Qui a ensuite affirmé qu’à ses yeux, c’était Carrefour qui avait été à l’origine de la deuxième crise de l’ESB en 2001. En effet, poursuivait-il, lorsqu’une bête atteinte de la maladie avait été découverte dans les abattoirs de la Soviba, l’enseigne en avait fait des tonnes : retour précipité de son p-dg des États Unis, rapatriement de toutes les viandes issues des animaux ayant côtoyé la bête chez le marchand de bestiaux, mise en place d’une cellule de crise, d’un numéro vert, conférences de presse etc. Toute cette gesticulation médiatique avait provoqué une psychose chez les consommateurs qui s’étaient détournés de la viande bovine pour de long mois. Et encore, ne savait-on pas à l’époque que tout ce branle-bas était pour rien. Mais ça, évidemment, même Carrefour ne l’ignorait.