Pernod Ricard fait un nouveau bond de croissance
L'opération se précise. Hier, Pernod Ricard, n°3 mondial des vins et spiritueux, a annoncé officiellement qu'il lançait une offre publique d'achat amicale sur le britannique Allied Domecq, n°2 mondial, pour un montant d'environ 10,7 milliards d'euros. Dans le même temps, le conseil d'administration d'Allied Domecq a recommandé unanimement aux actionnaires de la société de voter en faveur de l'offre de Pernod Ricard. Le groupe français conserverait une grande partie des activités du Britannique, le reste -ainsi que la marque Larios- étant revendu à Fortune Brands pour un montant de 4,1 Mds Eur.
Trois ans après le rachat de Seagram, dont Pernod Ricard a déjà redressé les marques clés (Chivas : +9 % et Martell +7 % entre 2002 et 2004), le groupe se trouve à nouveau en passe de réaliser une belle acquisition. Avec cette opération, Pernod Ricard devrait détenir 20 noms parmi les 100 premières marques internationales de spiritueux. Le rachat d'Allied Domecq lui apporterait en particulier Ballantine’s, Beefeater (dry gin à fort positionnement international), Kahlua, Malibu (rhum de renommée internationale) et Stolichnaya (vodka russe très prisée aux Etats-Unis). Il s'agit de marques clés à croissance positive en volume (+2 % pour les trois premières, +13 % pour la Stolichnaya, entre 2002 et 2004, et +17 % pour le Malibu entre 2003 et 2004).
Numéro deux mondial aussi pour le vin
Grâce au rachat d'Allied Domecq, Pernod Ricard devrait aussi monter en puissance sur le marché des vins premium, en mettant la main sur des marques leader comme Montana (n°1 des vins néo-zélandais), Bodega y Bebidas (n°1 des vins Rioja) et Mumm (n°3 mondial des champagnes). Avec 23 millions de caisses de vins tranquilles, le « nouveau Pernod Ricard » devrait se hisser à la deuxième place mondiale, mais encore loin derrière le groupe américain Constellation qui compte 33 M de caisses (y compris Mondavi). Le rachat d'Allied Domecq permettra aussi à Pernod Ricard de renforcer sa présence dans certains pays, via des marques locales comme Presidente (brandy) au Mexique, Wiser's au Canada (whisky) et Imperial (Scotch) au Canada.
Pernod Ricard qui va presque doubler de taille grâce à cette opération (passant de 3,5 à 5,8 milliards d'euros) en attend également des synergies de coûts à hauteur de 300 millions d'e. Avec le rachat de Seagram, le groupe avait déjà fait passer le ratio coûts de structure sur CA de 23 % (en 2001) à 19 % (en 2004) et espère 16 % après le rachat d'Allied Domecq. « Pernod Ricard est impatient de travailler main dans la main avec les salariés d'Allied Domecq pour réaliser le fort potentiel de croissance de notre nouveau groupe », a conclu hier Patrick Ricard, sans nier que l'opération engendrerait forcément des licenciements.