PDT : Intermarché casse les prix
Après l’Union Nationale des Producteurs de Pommes de Terre, UNPT (voir notre édition de mercredi) c’est le conseil du CNIPT (interprofession) qui dénonce le risque d’une psychose de baisse sur le marché de la pomme de terre de conservation destinée à la consommation en frais. Réuni mardi, ce conseil a repris les chiffres avancés par l’UNPT Les Marchés de mercredi.. Dans sa dernière note sur l’état des grandes cultures, le SCEES annonçait 4,85 millions de tonnes soit une progression de 14,5 % sur l’an dernier, prévisions sensiblement supérieures à celles des professionnels et de 13,2 % par rapport à la moyenne quinquennale.
L’annonce du SCEES n’a sans doute pas contribué à stimuler le marché, traditionnellement sensible aux écarts de production qu’il traduit immédiatement par des écarts de prix. Or, les différences d’estimations entre le SCEES et la profession sont fréquentes, surtout en début de campagne, les ajustements se faisant par la suite, le SCEES se rapprochant généralement, au fur et à mesure, des chiffres du CNIPT.
Des promotions aberrantes
Soulignons qu’en ce qui concerne les estimations précisées, les organisations professionnelles ont exclu du calcul de leur moyenne pluriannuelle l’année 2003, sous prétexte qu’elle était atypique par sa modicité. Ce qui compromet les comparaisons objectives car dans les fluctuations de production sur plusieurs années, l’exception fait partie de la règle. Reste néanmoins qu’avec ou sans 2003, la récolte 2004 est copieuse mais pas pléthorique.
Dès lors, que les prix de la pomme de terre fraîche, segment essentiellement constitué de variétés lavable et/ou à chair ferme accusent une détente modérée par rapport à la dernière campagne, en raison d’une offre plus étoffée est normal ; mais la conjoncture ne justifie certes pas des prix de braderie La cas est différent pour les variétés basiques dirigées majoritairement vers l’industrie de transformation lire Les Marchés de mercredi. Dès lors, si la profession apprécie la contribution des promotions pour le dégagement du marché, elle s’élève contre ces promotions qui sont faites à vil prix, sans relation avec la conjoncture réelle et qui déstabilisent incontestablement le marché.
Le cas se présente aujourd’hui avec Intermarché qui prévoit une action promotionnelle sur la variété « Agata» lavée, à des prix de quelque 50 % inférieurs à ceux des enseignes concurrentes : promotion du 28 au 30 octobre, au prix de 1,49 euro les 10 kg. Cette promotion est d’autant plus aberrante que la variété choisie n’est pas particulièrement abondante et qu’elle fait partie des plus recherchées à l’exportation.
Ce coup de dumping s’inscrit certes dans la guerre des prix que se livrent les grands distributeurs, mais il faut bien qu’en amont les fournisseurs consentent des prix excessivement bas ; notamment, à la base, des producteurs qui sacrifient sans trop se préoccuper de leurs coûts de production, quelques tonnes de tubercules qui n’auraient pas trouvé place dans leurs frigos. Ce faisant, ils déprécient la majeure partie de leur production et participent à plomber le marché. Dans l’affaire présente, le CNIPT se réserve donc la possibilité d’intenter les actions nécessaires s’il était démontré que l’accord interprofessionnel sur les bonnes pratiques commerciales n’a pas été respecté.