Pays-Bas : du porc en classe grand confort
Le concept peut prêter à sourire. «Porc en classe confort» est le nom d'une ferme expérimentale à Raalte (Pays-Bas). Son inauguration, il y a quelques semaines, a fait la «une» de la presse locale. Même le grand journal télévisé de 20 heures a relayé l'événement. 144 cochons y sont engraissés sur paille. Ils disposent chacun d'une surface de 2,5 m2, alors que la moyenne européenne est à 0,65 m2. La porcherie est ouverte au public. « Ces images positives rentrent aussi bien dans les esprits que celles, traumatisantes, de la peste porcine en 1997», estime Hans Swinkels, du syndicat agricole LTO. L'enjeu est bien là : remonter la cote de la profession dans le grand public.
Elevage durable
Cette initiative est le fruit d'une concertation périodique entre LTO et une société de protection des animaux. « Voilà vingt ans que le dialogue est instauré, précise-t-il. Nous examinons sur quels points travailler ensemble. Si ce n'est pas possible, cela n'empêche pas un respect mutuel». Plusieurs résultats ont ainsi été obtenus, comme un engagement pour une meilleure directive européenne sur les porcs, pour une meilleure politique de lutte contre les maladies animales. Un groupe de travail a été créé en vue de l'abandon progressif de la castration des porcelets.
Le point de départ de «Porc en classe confort» a été de se baser non pas sur les besoins des producteurs, mais sur ceux des porcs. Des chercheurs de l'université de Wageningen ont été sollicités. Une école primaire a aussi été mobilisée pour recueillir l'avis des enfants. Cela a permis de définir dix besoins fondamentaux : se régaler, dormir, gratter la terre, avoir des contacts, aller aux toilettes, se maquiller (sic), faire de l'exercice, se sentir bien, avoir chaud, avoir du temps pour soi. La porcherie expérimentale doit tous les respecter. Un défi pour l'avenir est d'en tirer des idées pour les élevages commerciaux.
L'expérience ne doit pas s'arrêter à Raalte. Au moins cinq producteurs vont construire une porcherie similaire ou adapter une partie de leur élevage. «L'objectif est de rechercher des systèmes de bâtiments durables en production porcine,souligne Hans Swinkels . Ce n'est pas de produire à un coût très élevé. Si le consommateur est prêt à payer davantage, il faut répondre à sa demande». D'autres initiatives sont tentées, comme celle d'apposer le logo de l'association défense des animaux sur les barquettes de porc élevé sur paille. L'avenir montrera si le marché existe. « L'important pour la filière porcine est de passer d'une image défensive à une image offensive, celle d'un secteur qui va de l'avant», conclut-il.