Pâtes pressées : la raclette grignote
Représentant plus de la moitié du total des fromages produits en France (estimé à 1,08 M t), le tout jeune Syndicat des fromages à pâte pressée a présenté lors de son assemblée générale les dernières données du secteur, avec des chiffres une nouvelle fois très performants pour la raclette .
Depuis 1997, les volumes associés à la raclette ont gagné 50 %, pour atteindre 50 201 tonnes l'an dernier (+4,1% vs 2004). Encore limité il y a quelques années, le marché, essentiellement prétranché, a depuis attiré de nombreux opérateurs, comme Pochat (groupe Lactalis).
Des signes de tassement sont toutefois apparus sur le 1er trimestre 2006, avec une progression moindre qu'à l'accoutumée. Avec 5 % des fromages produits au niveau national, la raclette a encore du chemin à faire pour rejoindre l'emmental, leader du segment des pâtes pressées avec 23 % des fromages produits en France, soit 246 000 t. « Pour l'emmental, le ressort (de la croissance, NDLR) est cassé depuis 2002 » a estimé Michel Roche, directeur du SFPP. Le tonnage a régressé de 2,6 % en 2005, sur un marché stagnant.
À l'intérieur de la catégorie, incontestablement le râpé mène la danse : en maintenant sa progression, il pourrait prochainement représenter la moitié des volumes vendus, mais ne suffit plus à assurer le maintien des volumes. Un signe positif vient du circuit hors domicile ou l'emmental râpé marche fort, bien qu'il rencontre de sérieux concurrents avec les « préparations fromagères » moins chères. Dans un environnement de prix très bataillé, la diminution des stocks opérée est un signe encourageant, d'autant que le SFPP observe « une diminution de la fabrication spéculative ».
Plus de représentativité serait un pas en avant
Avec à peine plus de 2 ans d'existence, le syndicat est encore à la recherche d'adhérents, son président Etienne Morel souhaitant en élargir le cercle. « Lactalis y a sa place, tout comme 3A, les Fromageries occitanes ou Eurial-Poitouraine » a-t-il assuré. Une représentativité plus complète serait assurément un pas en avant, et cadrerait parfaitement avec l'intervention d'Olivier Picot, faite mercredi en ouverture de l'assemblée générale du SFPP. Le président d'Atla, titulaire du même poste au sein de la commission Industrie Commerce de l'Ania a estimé que malgré l'entrée en vigueur de la Loi Dutreil, le rapport de forces entre industriels et distributeurs n'avait pas fondamentalement changé. « La hausse des prix a été stoppée, elle ne dépend plus que de la volonté des acteurs et non plus d'un effet mécanique » selon M. Picot. « Aujourd'hui, la peur panique des distributeurs, c'est de savoir qui va financer la baisse des prix. La pression va s'accroître de plus en plus sur les acteurs petits et moyens ». Dans ce contexte, un rassemblement ne sera pas superflu. À l'image du lait de consommation, certaines branches du secteur sont en train d'emprunter ce chemin.