Pas de repos pour les logisticiens alimentaires

L’activité logistique résiste mieux au ralentissement économique dans le secteur agroalimentaire que dans les autres. Près d’une IAA sur quatre prévoit d’augmenter cette année sa demande de prestations logistiques tandis que 38 % ont recruté pour cette fonction l’an dernier, d’après l’enquête 2009 d’AFT-IFTIM, un important organisme de formation en transport et logistique. Cette enquête annuelle peut se considérer comme un baromètre des échanges commerciaux dans les grands secteurs suivis : alimentaire, commerce, chimie, automobile, équipements, pharmacie. Elle rend aussi une photographie des moyens et organisations logistiques mis en œuvre. Parmi les 700 responsables de la logistique interrogés ce mois de janvier, 91 sont à la tête d’un service conséquent dans un établissement du secteur alimentaire de plus de 100 salariés.
La plupart des logisticiens de l’alimentaire interrogés prévoient pour cette année une demande en services logistiques en hausse (23 %) ou stable (59 %), soit un total de 82 %.
Dans le commerce (tous secteurs confondus), la chimie, les équipements mécaniques ou la pharmacie, ils ne sont que 60 à 65 % à exprimer ces attentes. Ce taux tombe à 28 % dans l’industrie automobile, où plus de la moitié des répondants de ce secteur (dont le pessimisme était déjà perceptible à l’entrée de 2008) prévoient une baisse.
L’embauche en logistique se maintient dans l’agroalimentaire, 41 % des responsables interrogés ayant déclaré des recrutements l’an dernier, après avoir été 42 % en 2007 et 38 % en 2006. Elle reste cependant moins dynamique que dans le commerce et chez les prestataires en transport-logistique, dont plus de la moitié ont recruté entre 2007 et 2008. Problème : la difficulté de trouver du personnel motivé et compétent.
Difficultés d’embauche
Cette difficulté à recruter est générale. La pénurie de candidats n’est plus aussi aiguë qu’en 2007, qui a été une année de croissance et de fort recrutement, tous secteurs confondus. Mais elle constitue encore le tiers des difficultés de recruter des établissements de plus de 100 salariés, qu’il s’agisse de cadres, de techniciens, d’agents de maîtrise ou d’opérateurs. La faible qualification des candidats représente quant à elle 20 % des difficultés de recruter des cadres, 27 % pour les techniciens ou agents de maîtrise et 18 % pour les cadres. Le manque de qualification touche encore plus les établissements de moins de 100 salariés du commerce et des prestataires logistiques (pris en compte pour la première fois dans l’enquête annuelle d’AFT-IFTIM). Il représente pour eux le principal obstacle à l’embauche (50 % des difficultés d’embauche des cadres ou techniciens, 28 % des difficultés d’embauche des opérateurs). Enfin, le manque de motivation des candidats, en particulier pour les emplois de caristes, est davantage lié à la pénibilité du travail qu’à de trop faibles rémunérations.
Réorganisations des schémas
Les recrutements de cadres de la stratégie logistique s’accélèrent dans les grandes entreprises. Parmi celles qui ont recruté l’an dernier, 63 % ont embauché ce genre de spécialiste, après 58,5 % en 2007. C’est le signe, selon l’étude, d’une « recrudescence des réorganisations logistiques en 2009 ».
Plus de 30 % des établissements ont réorganisé leurs schémas logistiques en 2008 (23 % des IAA). Et ce n’est pas fini, « les prévisions de re-engineering sont orientées à la hausse pour 2009(cas de 31 % des IAA) », dit l’enquête. Ces réorganisations visent le plus généralement à augmenter la productivité. Dans ce domaine, les industries alimentaires et pharmaceutiques sont en avance, avec respectivement 20 % et 31 % d’entrepôts automatisés ou équipés de robots, contre 14 % parmi les grandes entreprises enquêtées. Les trois principaux facteurs de réorganisation dans l’alimentaire ont été en 2008, dans l’ordre : la réorganisation des clients, une fusion-acquisition et une démarche de maîtrise des coûts ou d’optimisation. Viennent ensuite l’adaptation au marché et la réforme des systèmes d’information.
Pour 2009, l’ordre de ces facteurs fait passer en première place la maîtrise des coûts ou optimisation et en seconde l’agrandissement ou l’augmentation de l’activité. Quant aux grands prestataires du transport-logistique, ils mettront l’accent sur les coûts et les systèmes d’information.