Paris palabre, Bruxelles décide
En France, on aime débattre. On est même très forts pour ça. Peut-être bien champions du monde. Regardez le débat sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Là où ailleurs en Europe, la décision n’a guère levé d’opposition, l’application suscité à peine quelques enfreintes, chez nous on palabre, on repousse, on déroge. Une propension à l’anarchie propre aux pays latins, direz-vous ? Nous n’avons même plus cette excuse facile. En Italie, de Milan à Naples, impossible depuis deux ans d’allumer une américaine à bout filtre, même de contrebande, dans la plus petite trattoria ou le plus reculé des ristorante. Oui, mais sur les décisions plus importantes, comme l’avenir de la viticulture sur lequel nous avons notre mot à dire, les idées lancées par nos élus doivent en imposer à nos voisins, non ? Pas vraiment, à lire l’énième rapport rendu public cette semaine par deux parlementaires français (LM du 7/12), qui n’ont une nouvelle fois pas su s’extraire de leur position de représentants de régions vinicoles. Leur solution ? Relancer la consommation en France, en éduquant notamment les collégiens aux bienfaits du vin. La qualité de nos produits de moyen ou de bas de gamme et leur marketing ? Pas un mot ou presque. Etonnez-vous après que nos partenaires, à Bruxelles, nous écoutent moins, ou plus du tout. Car pendant que l’on discute ici de problèmes réglés depuis longtemps déjà chez d’autres, Bruxelles décide et exécute. Sur des sujets agricoles sonnants et trébuchants : l’arrachage de nos vignes, l’avenir de l’intervention sur nos céréales, la directive sur le bien-être de nos poulets, etc. Quand on aime tant débattre, il ne serait pas inutile de savoir entendre.