Paris-Hong-Kong
Les difficultés économiques que traversent la France en général et son agriculture en particulier ne relèvent pas d'abord de la responsabilité de l'Europe mais de celle de la France. La discussion du projet de loi d'orientation agricole à l'Assemblée ces jours-ci a le mérite d'encourager les députés à s'interroger sur les atouts et handicaps proprement nationaux de la filière agricole et agroalimentaire française : la fiscalité, la valeur et la transmissibilité des exploitations, leur préparation à s'investir dans de nouveaux débouchés, comme les biocarburants. En dépit de la baisse des effectifs agricoles, le sujet passionne toujours la représentation nationale. Plus de 900 amendements ont été déposés et les échanges ont été passionnés jusqu'à présent, en particulier jeudi soir sur la question du «fonds agricole», rendu finalement facultatif. Les députés, dont certains regrettent publiquement la procédure d'urgence (une voie nécessaire pour que les mesures fiscales soient applicables dès 2006, a assuré le gouvernement), ont obtenu que le recours aux ordonnances soit plus limité que ce n'était prévu au départ. Leur combativité a également permis que de nombreux amendements soient adoptés, témoignant de la richesse du débat. Le proche avenir dira si cette loi d’orientation changera fondamentalement la donne et s'inscrira dans la lignée des lois agricoles fondatrices. Une fois la LOA promulguée, il sera bien temps de s'accorder sur le mandat de la Commission européenne lors des prochaines négociations de l'OMC à Hong-Kong. Afin qu'au lendemain des discussions, on ne reporte pas sur Bruxelles la responsabilité d'un mauvais résultat.