PAC : et si l’élevage bovin-viande perdait ses primes ?
Le découplage total des aides aux éleveurs de montagne pourrait y conforter l’élevage bovin allaitant, selon deux spécialistes de l’INRA. Dans une étude intitulée « Le bilan de santé de la PAC, le découplage et l’élevage en zones difficiles », Hervé Guyomard et Vincent Chatellier minimisent le risque de diminution du cheptel dans le Massif Central. Le découplage pourrait entraîner la disparition d’unités peu performantes au profit d’une concentration bénéfique du point de vue productif. Toutefois le risque d’abandon est réel « dans un contexte de prix de viande bovine durablement déprimés ».
L’effet du découplage est plus important, selon les chercheurs, dans les « zones défavorisées simples » (au sens communautaire) concentrées le long d’une diagonale allant de l’Alsace à l’Aquitaine. Là où la « polyculture élevage » est importante, les éleveurs de bovins viande pourraient se tourner vers la culture de céréales ou l’élevage laitier, dans le cadre de la sortie programmée du régime des quotas. Le risque est accentué dans les zones intensives de l’ouest, tout particulièrement dans une tendance aux prix élevés des grandes cultures et aux prix stables du lait, si les quotas laitiers sont supprimés.
Les chercheurs observent les effets du découplage dans les pays où il a déjà été mis en œuvre. En Irlande : baisse de 1% par an de l’effectif des vaches allaitantes et de 8% du cheptel ovin. Au Royaume-Uni : moins de 2 % par an des vaches allaitantes et 1,3 million de têtes dans le cheptel ovin entre 2005 et 2007. En Allemagne : stabilité du troupeau allaitant dans un contexte de prix favorables de la viande bovine et grâce à l’instauration de primes herbagères dans les länder de l’est.
En France, l’idée du découplage total des aides directes européennes aux agriculteurs ferait son chemin, de source syndicale. Les céréaliers savent qu’ils vont devoir abandonner d’ici à 2013 le quart de leurs aides encore dépendantes d’une culture. Les bénéficiaires de la prime à la vache allaitante (PMTVA) et de la prime à la brebis et à la chèvre (PBC) sont les seuls qui pourraient bénéficier du maintien d’un couplage à 100% au-delà de 2013. Mais une prime herbagère ou compensatoire des handicaps naturels pourraient éventuellement le remplacer, suggèrent les chercheurs.