Pac : céréaliers inquiets, éleveurs floués ?
La section céréalière (Orama) de la FNSEA panique. D’après ses informations, Michel Barnier s’apprêterait à prendre des orientations politiques « ravageuses pour les exploitants spécialisés dans la production de céréales et d’oléagineux ». Par le jeu d’une redistribution d’une partie de leurs aides actuelles à d’autres secteurs agricoles, en particulier l’élevage, leur revenu moyen annuel des dix dernières années de 24 500 euros serait amputé de 10 000 euros au moins. Orama rappelle que ses propositions de rapprochement progressif des montants des aides à l’hectare versés aux différentes productions « sont de nature à répondre sérieusement et substantiellement aux préoccupations des éleveurs en faveur desquels veut agir le ministre de l’Agriculture ». De sorte qu’un massif transfert d’aides, comme le craint le syndicat, serait inutile.
Les éleveurs de bovins et d’ovins seront-ils gagnants ? Pas sûr, avertit le syndicalisme minoritaire. La Confédération paysanne dénonce « le tour de passe-passe actuel qui consisterait à faire financer une très large part de la nouvelle aide à l'herbe par les éleveurs eux-mêmes, en particulier si la Prime au maintien du troupeau de vache allaitante (PMTVA) venait à être découplée à hauteur de 25 % comme l'a proposé la FNB (Fédération nationale bovine) dans une inefficace et dangereuse œillade à Orama. » Le « lobby céréalier » serait donc à l’œuvre au sein de la FNSEA pour ménager ses « privilèges » à l’issue du bilan de santé de la Pac, en dépit des perspectives porteuses sur les marchés des céréales. La Confédération salue cependant le traitement prioritaire du secteur ovin « à travers une nouvelle politique d'aide à l'herbe et une revalorisation de l'aide à la brebis de 27 euros net par brebis ».
La Coordination rurale, elle, réfute, au lieu d’une « profonde réorientation », un simple transfert d’aides sans garantie de profit réel aux productions bénéficiaires qui « ne peuvent trouver leur salut que dans une revalorisation des prix ». La Coordination rurale a annoncé pour aujourd’hui des manifestations, dans « toutes régions et tous secteurs confondus », pour demander « une nouvelle Pac, qui soit un juste contrat entre les agriculteurs et la société ». Une Pac permettant des prix « justes et rémunérateurs ».
Michel Barnier devrait présenter le 11 février les orientations françaises du bilan de santé de la Pac.