PAC : Barnier tire argument de la crise financière
Le ministre français de l’Agriculture veut convaincre ses 26 homologues de préserver un système de stocks d’intervention des céréales afin de permettre aux pouvoirs publics d’atténuer la volatilité des cours. « On doit garder ces outils de régulation », a-t-il déclaré en dévoilant deux de ses arguments : la crise du système financier aux Etats-Unis et la spéculation sur les matières premières. Michel Barnier enfonce le clou en soulignant que la flambée des cours a eu « des conséquences graves » pour les populations. Cette position interventionniste n’est pas du goût de la commissaire agricole. « Je dois essayer de rester extrêmement polie, dans la mesure où la France accueille la réunion informelle », a ironisé Mariann Fischer Boel dimanche en conférence de presse. « J’ai vu les gros problèmes que cela cause lorsque les responsables politiques pensent qu’ils peuvent mieux gérer l’agriculture que les exploitants eux-mêmes et les opérateurs du secteur du négoce » des matières premières agricoles, a insinué la commissaire.
Un séminaire du Ceja (Centre européen des jeunes agriculteurs) sur la PAC de l’après 2013 se tenait dimanche à Talloires, non loin d’Annecy. William Villeneuve, président de Jeunes Agriculteurs, y a plaidé pour « la régulation des marchés, la maîtrise des volumes la production ». « Gérer les marchés, c’est pourtant mieux que gérer les crises et, surtout, plus économe pour les budgets publics », a-t-il fait valoir. Michel Barnier s’y est exprimé sur l’urgence d’entamer dès maintenant la réflexion sur l’avenir de la PAC dans la perspective des prochaines discussions sur le financement de l’Union européenne pour la période 2012-2020, pour éviter que « l’agriculture soit la variable d’ajustement du budget européen ». Il veut convaincre que l’absence de PAC coûterait plus cher que la PAC actuelle.
Dimanche a été une journée de mobilisation syndicale. Plus de 2 000 agriculteurs et militants altermondialistes, selon la police, 5 000 selon les organisateurs, ont manifesté à Annecy pour « une autre politique agricole européenne ». Une importante délégation d’éleveurs laitiers allemands protestait contre l’effondrement des prix du lait.