Ovins : « Soutenir les installations avec des capitaux extérieurs»
Les Marchés : A quoi ressemblera le dispositif Sofiovin ?
Emmanuel Coste : Le principe est le même qu'avec les Sofipêche. C'est de faire appel à des sociétés ayant pour activité le financement du secteur. Les investisseurs bénéficieront d'une rémunération très incitative à 5,01 %. Ils n'auront aucun lien financier avec les jeunes agriculteurs et ne prendront donc aucun risque. Pour les JA, l'avantage est important. Le dispositif leur permet de financer à 50 % les investissements avec un prêt à 0 %. Ce sont les organisations de producteurs qui seront chargées du repérage et de l'instruction des dossiers sur le terrain. Elles devront, à l'aide des résultats technico-économiques, assurer le suivi des JA, afin qu'ils soient en mesure de rembourser leur prêt au bout de sept ans. Les Sofiovin permettront de continuer à installer des jeunes, hors-cadre successoral. Aujourd'hui, les prêts bonifiés ne suffisent plus. Reprendre un cheptel de 500 à 600 brebis représente près de 400 000 euros d'investissements. Il faut des compléments de financiers pour permettre une reprise totale des bâtiments, du cheptel et du matériel. Le foncier n'est pas concerné. Nous avons présenté le projet aux ministères de l'Agriculture et de l'Economie. Son lancement est prévu dans le courant de l'année, après inscription dans la loi de finance. Par ailleurs, nous rencontrons demain (aujourd'hui, NDLR) le président de l'Association des Régions de France, Alain Rousset, pour proposer la création de postes d'animateurs, chargés de mettre en relation les cédants et les repreneurs d'exploitation.
Les Marchés : Quel est le bilan du plan de relance de la filière ?
Emmanuel Coste : L'an dernier, neuf régions ont vu leur production augmenter, dans le Nord-est et l'Aquitaine. Plus globalement, l'action a permis d'infléchir la baisse structurelle de la production. Certes, le nombre de brebis a diminué plus fortement en 2004 qu'en 2003, avec -1,2 % contre -0,3 %. Cela est dû à la sécheresse, qui a entraîné une décapitalisation dans le Sud. L'élevage ovin bénéficie aujourd'hui d'une meilleure image. Il est davantage présent dans les programmes de formation. C'est un point important, car l'effectif d'éleveurs est en chute accélérée. La France compte 42 000 moutonniers, contre 75 000 dix ans plus tôt. A terme, leur nombre devrait avoisiner 20 à
30 000, sur la base d'un cheptel moyen de 300 brebis. La part des troupeaux supérieurs à 350 brebis est en constante progression. Le secteur se professionnalise. De plus en plus d'éleveurs arrivent dans la profession avec un objectif de rentabilité, couplé à des exigences en termes de travail et de loisir.
Les Marchés : Comment se présente le marché ?
Emmanuel Coste : Les prix ont beaucoup baissé, suite au télescopage des agneaux de Lacaune avec le reste de la production nationale. Cela n'a rien de dramatique. Le marché reste au-dessus du seuil de rentabilité de 4,70 euro/kg en agneau sous la mère. La situation à venir nous inquiète davantage. Les mois d'avril et de mai risquent d'être difficiles à cause du manque de congés.