Orientations
Les débats de préparation de la loi d’orientation agricole manquent de vigueur. Philippe Mangin, le président de Coop de France, a eu le mérite de leur donner un peu de piquant en présentant lundi dernier les contributions des coopératives à la discussion. Comme prévu, les propositions de Coop de France reprennent en partie celles de François Guillaume, concernant la création d’un Haut Conseil de la coopération, doté d’un comité d’éthique veillant au respect de « l’esprit coopératif ». Mais le président de Coop de France veut surtout profiter de l’occasion pour faire progresser le rôle économique des coopératives. Quitte à « redéfinir les missions des organisations de producteurs en les obligeant à la commercialisation des produits de leurs adhérents, ce qui suppose l’agrément des seules OP pratiquant le ‘transfert de propriété’ ». Les associations d’éleveurs apprécieront… On peut bien sûr discuter des heures sur la validité du modèle coopératif et sur sa tentation d’encadrer l’acte de production et de commercialisation des agriculteurs. Mais on ne peut retirer à Philippe Mangin le mérite de mettre en perspective l’avenir du monde agricole avec un réalisme et une lucidité qui font souvent défaut aux syndicalistes. Entendre des responsables reconnaître que la baisse du nombre d’exploitations est « inscrite dans la démographie du secteur», que les coopératives « ont besoin de se regrouper autour d’une grande marque par secteur » et que l’enjeu de la loi d’orientation, c’est « le modèle alimentaire français » et pas les querelles agricolo-agricoles, c’est un discours un peu brutal, mais qu’il est quelquefois bon d’entendre.