OMC : l'UE plus crédible avant Hong Kong
Les ministres européens de l'Agriculture ont conclu leur dernier conseil avant Hong Kong en bouclant un accord sur l'OCM sucre, jeudi. C'est un succès pour Mariann Fischer Boel qui voulait glisser dans sa poche un schéma de réforme du secteur sucrier avant de prendre la route de la négociation interministérielle commençant le 13 décembre. La réponse de l'Australie, qui a salué vendredi ce pas en avant décisif pour assainir le marché mondial, est le signe que l'UE se rend plus crédible. Cet enjeu stratégique explique l'adoucissement du projet, les prix devant s'abaisser de 36 % en 4 ans contre 39 % en 2 ans initialement.
Côté français, on ne voit pas cet accord sucre comme un message envoyé aux autres négociateurs. « La première puissance commerciale au monde n'a pas à se justifier en permanence», s'énerve un intervenant de la DPEI. « L'Union a perdu le panel sucre (contre l'Australie, le Brésil et la Thaïlande, ndlr), explique-t-il. La réforme était inévitable ». Nul doute, toutefois, qu'en se montrant aptes à tenir leurs engagements, les 25 gagneront des points de crédibilité dans les rapports sectoriels demandés par Pascal Lamy, directeur de l'OMC, avant Hong Kong. Les négociateurs européens font une offre ambitieuse en matière agricole. Mariann Fischer Boel et le commissaire britannique, Peter Mandelson, admettent qu'elle est en limite de mandat. Elle comporte une contrepartie qui est le démantèlement de toutes les formes de subventions aux exportations, visant particulièrement l'Amérique du Nord.
La France ne peut contrecarrer l'action des négociateurs, mais elle argumente pour que le cycle de Doha aboutisse au moins à un consensus des pays développés en faveur du développement des pays les plus pauvres. Rien ne dit que la conférence de Hong Kong fera avancer le dossier agricole, ni ceux des services et de l'industrie. Quoi qu'il en soit, la France tentera de convaincre ses partenaires européens, notamment le Royaume-Uni, qu'il est naïf de croire à une plus grande ouverture du Brésil et de l'Inde aux services et équipements européens en échange de l'ouverture de l'UE aux produits agricoles, explique la même source ministérielle.