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OMC : les agriculteurs européens méfiants

Les responsables agricoles européens ont critiqué l'attitude offensive des négociateurs européens.

Les agriculteurs européens sont « disposés à travailler pour que le rendez-vous de Hong-Kong produise des résultats», a assuré la semaine passée Eduardo Baamonde, président du Cogeca (Comité des organisations professionnelles agricoles de l'UE) devant les 500 responsables agricoles de plus de trente pays européens réunis en congrès à Strasbourg. En ajoutant « pas à n'importe quel prix », il a résumé la position générale de ce premier congrès du Copa (Comité des organisations professionnelles agricoles)-Cogeca. « Ils seront acceptables s'ils sont équilibrés et s'ils préservent les intérêts fondamentaux de l'agriculture européenne », a-t-il précisé.

Les congressistes sont restés sceptiques devant Mariann Fischer Boel, commissaire européenne à l'Agriculture, qui les a invité « à trouver un équilibre dans les sacrifices ». Le revirement de Pascal Lamy les a laissés incrédules. Si l'ancien commissaire européen au Commerce « croit reconnaître » la thèse selon laquelle l'agriculture « n'est pas une activité économique comme les autres », le nouveau directeur général de l'OMC constate qu'elle ne fait pas l'unanimité et s'astreint à une position « neutre ». Il voit une occasion dans le fait que le pilier du soutien interne se présente maintenant sous une forme négociable. L'occasion de rendre des OCM adverses moins agressives sur le marché mondial, en particulier celles des Etats-Unis. Mais la nécessité de rapprocher les chiffres pour engager les négociations oblige selon lui les Européens à utiliser les marges de manœuvre créées par la réforme de la Pac. Pascal Lamy a argumenté sur le double avantage de Doha : valoriser la réforme de la Pac tout en obtenant des autres membres de l'OMC la réforme de leurs propres politiques agricoles.

Sentiment de frustration

Mariann Fischer Boel a appuyé cet argument en promettant « un équilibre total » entre les trois piliers et un résultat qui ne devrait pas remettre en question la réforme de la PAC faite en 2003. Rudolf Schwarzböck, président du Copa, a exprimé le sentiment de frustration des responsables professionnels que suscitent ces appels à la souplesse : « nous, agriculteurs, en avons assez de s'entendre dire par nos partenaires commerciaux que nous n'en avons pas assez fait, (...) et de voir nos négociateurs consentir des concessions les unes après les autres pendant que les Etats-Unis et les autres ne bougent pas ».

Le Copa-Cogeca est pourtant capable de se projeter dans un contexte de concurrence accrue. Dans sa « déclaration de Strasbourg », il a mis en exergue l'enjeu de l'amélioration de la compétitivité. Mais il réaffirme « la place incontournable de l'agriculture ». Celle-ci doit garantir à l'Union sa souveraineté et sa sécurité alimentaire. Elle doit être « durable économiquement, socialement viable et respectueuse de l'environnement». Les responsables politiques ne peuvent d'un côté la contraindre à toujours plus de règles sanitaires et environnementales sans lui donner les moyens de se défendre.

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