OMC : l’agriculture suspendue à la rencontre de Genève
C’est aujourd’hui au siège de l’Organisation Mondiale du Commerce que débute la rencontre entre une cinquantaine de ministres et de chefs de délégation, réunis pour tenter de débloquer des négociations qui buttent sur les questions agricoles (soutien interne et tarifs douaniers). Christine Lagarde, ministre déléguée au Commerce extérieur et chef de file de la délégation française en Suisse a déclaré hier qu’il n’était « pas déterminant ni fondamental d’être à Genève», marquant d’entrée le pessimisme existant quant à l’issue des discussions.
Rien ne garantit en effet l’adhésion de l’Europe à une nouvelle offre conditionnée à des concessions sur l’agriculture. La France et 14 autres Etats-membres restent adossés au maintien des propositions faites en octobre dernier : arrêt des restitutions à l’export en 2013, assorti d’une baisse des droits de douane sur les produits agricoles de 46 % et du traitement en produits sensibles de 8 % des lignes tarifaires. Ces propositions pourtant conséquentes laissent les Etats-Unis et les pays émergents insatisfaits.
Mardi, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson s’est risqué à annoncer un nouvel effort en agriculture, sous réserve de concessions dans d’autres domaines. En guise de commentaire, la ministre déléguée a simplement déclaré que « M. Mandelson a une connaissance claire et limpide des limites de son mandat, et il a reçu le rappel du caractère impératif de celui-ci », ce qui traduit assez bien la position française, et l’extrême vigilance accordée au moindre mouvement du commissaire.
Christine Lagarde « dubitative »
Certaines avancées potentielles sont cependant apparues, du moins dans les discours. Le G20 (pays émergents emmenés par le Brésil) pourrait avoir des exigences moins conséquentes sur les droits de douane appliqués aux produits industriels. Compte tenu de l’hétérogénéité des situations et des exigences des membres de ce groupe, la demande de baisse globale des barrières douanières pourrait descendre de 30 à 23-24 %. « Tout cela se débloquera certainement au dernier moment. C’est la stratégie du Brésil d’étudier les offres des autres parties, avant de faire une contre-proposition» a calculé Mme Lagarde. Avant d’en arriver là, les pays européens se réuniront jeudi lors d’un Conseil des affaires générales, l’occasion d’étudier les propositions de Mandelson à huis clos avant qu’elles ne soient faites devant les ministres et chefs de délégation.
Les négociations devraient durer jusqu’à dimanche, avec une probabilité de succès qui laisse la ministre déléguée « dubitative ». En cas de nouvel échec, le cycle de développement entamé en 2001 traînerait une nouvelle fois en longueur et coïnciderait avec les échéances électorales américaines, retardant le renouvellement du mandat de leur représentation du commerce. Dans ce cas, rien n’empêcherait la signature d’accords bilatéraux entre pays, d’une portée cependant très inférieure.